La Tunisie ne ménagera aucun effort pour poursuivre les auteurs de l'assassinat du citoyen Mohamed Zouari, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Khemaïes Jhinaoui. Présidant, lundi, au Caire, la réunion d'urgence du Conseil des ministres des A.E de la Ligue arabe, Jhinaoui a assuré que la Tunisie va prendre les mesures nécessaires contre toute partie qui menace sa sécurité, sa stabilité et sa souveraineté, conformément aux dispositions des traités internationaux. De son côté, l'ambassadeur allemand à Tunis, a été invité, lundi, au siège du ministère des Affaires étrangères pour fournir des précisions sur l'entrée, en Tunisie, d'un journaliste de la chaîne 10 israélienne avec un passeport allemand. Le diplomate allemand s'est engagé à prendre les mesures nécessaires et à en informer les autorités tunisiennes. Faux journalistes avec un passeport allemand Actuellement, le ministère de l'Intérieur enquête sur les circonstances de l'entrée du prétendu journaliste pour réaliser un reportage sur l'assassinat de Mohamed Zouari. Arrivé à Tunis en provenance de Rome, le nommé Moav Vardi, s'était présenté comme écrivain allemand. Il s'était ensuite, dirigé à Sfax avec l'aide de six tunisiens, pour réaliser son reportage. Ce travail avait été diffusé samedi dernier, par la chaîne 10 israélienne. Dimanche, et peu avant son départ, il avait réalisé une courte vidéo, Place du 14 janvier, à Tunis. La vidéo a été diffusée par la suite sur Internet. Deux scénarios planifiés en Europe Rappelons à cet égard que le ministre de l'Intérieur, Hédi Majdoub, avait indiqué, lundi soir, lors d'une conférence de presse, que l'assassinat a été planifié en Europe. Une planification qui a démarré le 15 juin dans deux pays européens, avec deux plans d'exécution, mis en place. Il ressort ainsi de l'enquête que deux étrangers sont les commanditaires de l'opération. C'est ce qui laisse de fortes présomptions quant à l'implication de services étrangers dans la mesure où les enquêteurs privilégient au stade actuel, cette piste. Dans cette optique, les brigades Ezzeddine Al Qassam, branche armée du Hamas, avaient affirmé, samedi dernier, que le régime sioniste, était sans aucun doute, derrière l'assassinat de Mohamed Zouari. Dans un communiqué, cette organisation admet que l'ingénieur en informatique, fut l'un des commandants ayant supervisé le projet d'avions sans pilote de la résistance palestinienne, promettant que le sang du commandant ne sera pas versé en vain. Un caractère terroriste ? De son côté, Faouzi Masmoudi, procureur de la République, près du tribunal de première instance de Sfax, a indiqué que l'implication d'éléments étrangers dans l'assassinat est « presque confirmée » et que deux étrangers, un Belge d'origine marocaine et un Suisse, sont toujours recherchés, alors que deux Russes ont été interrogés avant d'être libérés et pourraient être convoqués à nouveau. Affirmant que l'enquête progresse rapidement, il a précisé que « l'issue de l'affaire est ouverte sur tous les scénarios et que le juge d'instruction est le seul à pouvoir lui attribuer ou non un caractère terroriste ». A noter que le bureau de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) se réunira, aujourd'hui, en vue des préparatifs de la séance plénière consacrée à l'audition des membres du gouvernement au sujet de cet assassinat. Mohamed Zouari, 49 ans, ingénieur aéronautique et qui a bénéficié de l'amnistie générale, détient aussi la nationalité belge et était rentré en Tunisie pour s'installer, avec son épouse syrienne, à Sfax. Jeudi dernier, il a été tué par balles devant son domicile, alors qu'il était dans sa voiture. Dix Tunisiens, impliqués directement ou indirectement dans l'assassinat ont été mis en garde à vue, tandis que quatre véhicules, deux pistolets munis de silencieux ainsi des téléphones portables utilisés dans le crime, ont été saisis.