Le Chef du gouvernement Youssef Chahed a appelé, hier, à accélérer l'adoption du projet de loi contre la discrimination raciale, rappelant que la Tunisie a été l'un des premiers pays à abolir l'esclavage et à ratifier la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Chahed S'exprimait à l'ouverture de la "Journée nationale contre la discrimination raciale", organisée par le ministère des relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l'Homme, en collaboration avec le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme à Tunis (HCDH). L'adoption de ce projet de loi constitue, a-t-il insisté, une étape importante sur la voie de la criminalisation de toutes les formes de ségrégation sur la base de la race, affirmant que le gouvernement se penche actuellement sur l'institution d'une Journée nationale contre la discrimination raciale. Il a, dans ce sens, mis l'accent sur l'impératif d'élaborer une stratégie nationale qui prenne en compte tous les aspects institutionnels, sociaux et législatifs, et œuvre à changer les mentalités qui ne dénoncent pas un tel phénomène. Le Chef du gouvernement a, en outre, souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes garantissant la protection des victimes de racisme, et de les renforcer de manière à réaliser l'égalité parfaite entre les citoyens et à préserver la dignité humaine. Il a, également, appelé les responsables, la société civile, les médias et toutes les forces vives du pays à s'unir pour ouvrir un véritable dialogue et organiser des campagnes de sensibilisation sur un tel phénomène, qui constitue une violation flagrante des droits humains et une atteinte inadmissible à l'intégrité d'une partie de la population. Le projet de loi contre la discrimination raciale, présenté par un groupe d'associations de la société civile, prévoit l'élimination de toutes les formes de discriminations entre humains ainsi que des poursuites et des sanctions à l'encontre des auteurs de tels actes ou propos. Il prévoit, aussi, la mise en place de mécanismes de protection pour les victimes, dans les espaces publics et privés. Comprenant 36 articles répartis en 6 chapitres, il énonce la diffusion de la culture de lutte contre le racisme à travers des programmes éducatifs complémentaires, en passant par la formation des éducateurs aux valeurs de l'égalité entre les Hommes et la non-ségrégation, et la formation continue et approfondie des magistrats au traitement des dossiers et affaires qui leur sont soumis. Vive émotion Un incident à caractère raciste survenu samedi au Passage, à Tunis, a suscité une vive émotion et relancé la polémique sur le racisme en Tunisie, notamment sur les réseaux sociaux, où plusieurs appels à la mobilisation ont été lancés. Trois congolais, deux jeunes femmes et un jeune homme, ont été victimes d'une agression au couteau par un tunisien, instable psychologiquement selon certaines sources, qui a causé de graves blessures aux jeunes filles au niveau du cou et blessé également au bras leur compatriote, intervenu pour les défendre. Les blessés ont été transportés à l'hôpital Charles Nicolle, et l'agresseur a été arrêté et placé en détention en attendant l'aboutissement de l'enquête, a appris l'agence TAP auprès de sources sécuritaires. Plusieurs organisations de la société civile ont publié hier un communiqué conjoint où elles condamnent cette agression raciste et expriment leur entière solidarité avec toutes les victimes de racisme et avec les étudiants africains en Tunisie. Elles réclament, également, l'adoption rapide du projet de loi contre la discrimination raciale, de manière à réaliser une cohérence avec la Constitution et les Conventions internationales ratifiées par la Tunisie dans ce domaine. Les signataires du communiqué sont l'association tunisienne de défense des valeurs universitaires, l'association "Beity", le Centre de Tunis pour la liberté de la presse, l'association "Vigilance pour la démocratie et l'Etat civil", le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, le comité pour le respect des libertés et des droits de l'Homme en Tunisie et l'association "Lam Echaml".