Hammamet constitue une zone côtière complexe et assujettie à une pression démographique, économique et écologique de plus en plus accrue. Elle nécessite en conséquence une réflexion particulière sur la problématique du développement durable et local. Son littoral est menacé. Il suffit d'un petit tour le long de ses plages pour s'en persuader. A la fois zone de concentration humaine et réservoir d'activités économiques, le littoral d'Hammamet abrite un parc hôtelier dense et un patrimoine environnemental riche et vulnérable. C'est un espace de conflits et de convergences (et divergences) de plusieurs intérêts et de plusieurs acteurs. En effet, comme le souligne Dr Salem Sahli, le secrétaire général de l'Association d'éducation relative à l'environnement « le littoral hammamettois se caractérise par une urbanisation diffuse et anarchique accompagnée de diverses formes d'utilisation et d'exploitation du cordon littoral et ce, au détriment de l'arrière pays qui est généralement marginalisé. La fièvre du béton n'a jamais été aussi forte à Hammamet. Dès le début du tourisme balnéaire, il fallait être au plus près de la mer, c'était le principe même de la promenade balnéaire où il fallait être vu. Dans cette logique, presque toutes les stations touristiques du pays ont été créées sur les dunes littorales. Résultat: Les échanges naturels entre la plage et sa réserve de sable qui l'alimentait en cas de tempête ont été rompus. Et les systèmes de digues ou d'enrochement, destinés à contrer l'érosion, au lieu d'améliorer la situation, entravent encore plus ces échanges. Le littoral s'effondre ! Lors de cet hiver qui restera dans les annales, pas moins d'une dizaine de tempêtes remarquables ont balayé les côtes de Nabeul–Hammamet , dévorant ses franges maritimes. Du jamais vu. D'habitude, les reculs sont très localisés. Là, le retrait est général » La mer et la main de l'homme Les spécialistes tirent à nouveau la sonnette d'alarme. La mer monte, grignote les littoraux bien aidée par l'action des hommes. Il y a donc urgence à se préparer... au pire. Ce phénomène, naturel à l'origine, n'est pas récent .Jean Marie Miossec, géographe –aménageur et professeur à l'université Paul Valéry à Montpellier en témoigne. « Cette zone est sous pression, densément peuplée, occupée par beaucoup d'activités humaines. C'est un milieu naturel fragile, original mais qui est menacé par les actions de l'homme », ajoute-t-il. Et de préciser : « Le tourisme est la principale activité pratiquée sur les littoraux. Depuis, la demande touristique n'a cessé d'augmenter. Mais il faut aménager les littoraux touristiques. Le tourisme de masse pourra apporter de l'argent. Il faut aussi avoir une planification de l'ensemble du littoral avec des zones gelées où on interdit l'urbanisation et là il faut une réglementation très stricte à la fois sur le plan foncier, immobilier et infrastructure. Il faut surtout sensibiliser les hôteliers sur l'intérêt de préserver des portions de territoire littorales pittoresques qui constituent les éléments qui vont continuer à valoriser les territoires sur lesquels ils ont aménagé. En Tunisie, il y a un code d'aménagement du territoire et d'urbanisme. Cette réglementation n'est pas toujours respectée notamment, pour le domaine public maritime où on doit interdire de bâtir mais il y a parfois des dérogations. Le danger est présent car si on construit trop près de la mer, on empêche la circulation du sable et on va appauvrir la plage et compte tenu de l'évolution climatique on peut avoir des bâtiments tout près de la mer qui un jour ou l'autre vont être détruits par la mer. Les littoraux sont donc un patrimoine dont l'existence est menacée par la nature et l'homme. Les multiples risques qui menacent et menaceront dans l'avenir l'espace littoral sont dus, pour la plupart d'entre eux, à la mauvaise gestion de cet espace combien exigu, fragile et mouvant. Cette urbanisation anarchique du littoral pose des problèmes de gestion du littoral par l'augmentation subite et incontrôlée des déchets liquides et solides qui aboutissent à la mer. Chose qui a emmené l'APAL à détruire les constructions anarchiques ». L'Association de l'environnement touristique de Hammamet estime que certains plages sont menacés d'érosion, et ce, pour des raisons naturelles mais aussi du fait de l'action humaine. Les aménagements littoraux doivent respecter les règlements d'urbanisme et particulièrement les études d'impact. Le bilan sédimentaire de la plupart des plages, jadis excédentaire, accuse aujourd'hui un déficit. L'Association appelle les hôteliers et les restaurateurs à respecter le code d'urbanisme et les décisions prises pour la destruction des constructions anarchiques sur le littoral avant le démarrage de la saison touristique. « Les enjeux écologiques sont sérieux et de nouvelles conceptions des implantations touristiques sont à mettre au point. Des mesures d'urgence doivent être prises les années à venir pour protéger ce qui reste encore à protéger du littoral. Il est temps de libérer nos plages de ces constructions anarchiques » souligne Hédi Boudhina, le Président de 'Association de l'environnement touristique de Hammamet