Le ministre des Affaires culturelles, Mohammed Zine El Abidine a souligné la volonté de son département d'adopter une approche sérieuse de l'action culturelle et d'élaborer de nouvelles idées et des projets constructifs, estimant que la culture devra constituer un secteur stratégiquement prometteur et vecteur de développement en Tunisie. Présentant les grandes lignes du plan de développement du ministère pour la période 2016-2020, le ministre s'exprimait jeudi soir au siège de l'Assemblée des Représentants du peuple (ARP) au Bardo au cours d'une audition devant la commission de la jeunesse, de l'éducation, de la culture et de la recherche scientifique, à laquelle ont assisté 11 membres parmi un total de 22. Mohamed Zine el Abidine a indiqué que le ministère oeuvre à la consécration du principe de la décentralisation culturelle et à la promotion de la culture de proximité afin qu'elle soit un véritable témoin des diverses spécificités culturelles et valoriser le riche patrimoine de chacune des régions du pays. Cette démarche avait déjà commencé par le lancement du projet "La Tunisie, Cités des Arts", faisant ainsi de l'action culturelle une composante essentielle de la citoyenneté et de la promotion des compétences créatives dans les régions. Sur ce point, le ministre a reconnu les moyens limités des régions intérieures afin qu'elles puissent valoriser leur riche patrimoine et créations. Côté entreprenariat et investissement, plusieurs accords de partenariat public/privé ont déjà été signés entre le ministère et la société civile afin de promouvoir les différentes branches du secteur culturel. D'ailleurs, le projet "Tunisie Cités des civilisations" a été lancé en partenariat avec le ministère du Tourisme et de l'Artisanat, a fait savoir le ministre. Ce projet qui place le patrimoine au coeur des priorités du ministère affiche l'ambition de créer des pôles régionaux dédiés au patrimoine. De nouvelles manifestations culturelles seront également créées à l'instar de celle baptisée "Saison de la culture ouvrière" au Bassin minier de Gafsa, en plus de journées dédiées aux Arts plastiques, à la poésie et à la danse contemporaine. Un centre national du livre devra également voir le jour afin de faire connaître le livre et les écrivains tunisiens à l'intérieur et en dehors du pays et promouvoir la compétitivité de la création littéraire tunisienne. En ce qui concerne le financement des festivals, Mohamed Zine El Abidine a expliqué qu'à la lumière du grand déséquilibre constaté dans ce sens, le ministère a réduit le budget des festivals internationaux de Carthage et de Hammamet pour pouvoir soutenir les festivals dans les régions intérieures. Il a, d'autre part, mentionné que les réformes législatives sont nécessaires pour renforcer l'action culturelle s'agissant notamment de textes régissant les métiers artistiques et le volet administratif concernant les institutions culturelles outre la création d'une loi qui classe avec précision les grandes manifestations culturelles. Le ministre a formé le voeu de voir le budget du ministère des Affaires culturelles augmenter au cours des prochaines années pour faciliter la mise en oeuvre des programmes inscrits au sein du plan quinquennal pour le développement culturel. L'élue du mouvement Ennahdha Amal Souid a salué le programme présenté par le ministre et s'est interrogée sur la part de la culture dans la région de Gabès et ce, dans le budget du ministère. Elle a également appelé à la création de maisons de culture et de bibliothèques publiques dans les contrées lointaines dans la région tout en exploitant le patrimoine pour la promotion du tourisme. Du mouvement Ennahdha, le député Mohamed Mahjoub a dans son intervention évoqué la réforme culturelle que le ministère ambitionne de réaliser et s'il s'agit dans ce sens d'une démarche à sens unique ou élaborée en partenariat avec les professionnels du secteur en général. Par ailleurs, il relevé que le créateur ne bénéficie pas du Fonds de subventions appelant le ministère à accorder les subventions à ceux qui méritent dans le secteur. Un avis partagé par le député Ajmi Lourimi qui a appelé à valoriser le patrimoine immatériel et à le documenter. L'élue de Nidaa Tounes Lamia Gharbi a salué les efforts du ministère en matière de décentralisation culturelle formant le voeu de concrétiser la stratégie élaborée par le ministère pour les cinq prochaines années (2016-2020). Elle a appelé à élaborer une étude précise sur les projets programmés et à former des compétences pour mettre en oeuvre ces programmes culturels. L'idée de former des fonctionnaires du ministère surtout dans les régions a été adoptée par l'élu d'Ennahdha dans la région de Médenine Lakhdar Belhouchat qui a fait part de son étonnement de la présence de programmes qu'il a qualifié de "mauvais goût" dans les festivals bien qu'ils soient financés par l'Etat. Quant à l'élue du même mouvement dans la région de Mahdia, Leila Oueslati Bousleh, elle a recommandé de dynamiser le partenariat conclu entre les ministères des Affaires culturelles et de l'éducation. Dans sa réponse, le ministre des Affaires culturelles a indiqué que le ministère a besoin d'urgence d'un modèle de réforme nouveau et efficient relevant que l'approche adoptée est une culture participative à la base qui repose sur la diversité et la liberté d'expression et de création. Il a, par ailleurs, souligné que le ministère est en contact continu avec ses partenaires (ministères et société civile) en Tunisie mais aussi avec ses partenaires à l'étranger notamment l'Union Européenne pour couvrir le manque en matière de financements dans le but de soutenir un plus grand nombre possible de projets culturels.