Au printemps 1968, on observe dans le monde entier, une agitation estudiantine qui se cristallise sur la protestation contre la guerre du Viêt-Nam mais qui au-delà de cela, vise la « société de consommation », accusée de produire pour produire, sans que soit posée la question fondamentale de la destinée humaine, sans que rien ne préserve l`individu de sombrer dans l`esprit matérialiste. Il faut également voir dans le malaise étudiant qui prend de l`ampleur, une critique de l`Université qui, se trouve confinée de plus en plus au rôle d`une fabrique de cadres distribuant un savoir conforme à des normes utilitaires. Mai 68 désigne le mouvement social le plus important du XXe siècle où on assista alors à une remise en cause globale de la société et de ses valeurs traditionnelles. Durant cette période, les étudiants, développent un vaste mouvement de contestation de la société. Beaucoup de tunisiens, étudiants en France, ont vécu cette période. 68 est un mouvement historique considérable qui a eu une influence importante et pas seulement en France mais en Tunisie. C'est le cas de Béchir Garbouj, l'invité du club culturel Sidi Mahrsi, samedi 4 mars ; à l'espace Soho qui nous parle de son roman « Passe l'intrus »Agrégé de l'université, il a longtemps enseigné la littérature française et la traduction. Ses études sont publiées dans les revues et ouvrages collectifs tunisiens et français. Il a obtenu le Prix National pour sa traduction de Haddatha Abou Hourayra de Mahmoud Messaadi (Abou Hourayra prit la parole et dit... Editions Cenatra , Tunis, 2010). Passe l'intrus est son premier roman publié. Il est l'intrus, l'étudiant étranger qui erre entre les lieux de la « révolution » (Paris, Mai 68). Une révolution ? Une crise de civilisation ? Quel sens donner, quarante ans après, aux événements de 68 ? Loin des partis pris et de la mythologie, Béchir Garbouj revient sur les faits avec un regard lucide et distancié. L'analyse est ici menée avec vivacité et sans concessions, au-delà des querelles idéologiques et des reconstructions partisanes. Une explication clé pour un mois de Mai qui ne cesse de fasciner. L'auteur est à la recherche d'une femme, et en même temps d'un fil conducteur pour comprendre l'événement – comprendre en fait la fascination qu'exerce sur lui cette « étrange saison » où il est entré « comme par effraction » –.De quoi naissent et meurent les révolutions ? En se posant des années plus tard la question, le « vieux prof » qu'est devenu « l'enfant du mois de mai » reprend cette recherche restée en pointillés. Il se fourvoie encore, nul doute, mais il revit aussi, par flashes, par éblouissements, les moments forts de cette période, tandis que reviennent les figures connues et inconnues qui traversèrent l'événement. Une quête dont il naît peu à peu une fresque aux lignes tremblantes du « printemps parisien ».De tout printemps des peuples, peut-être. Béchir Garbouj, l'étudiant, raconte mai 68 à ceux qui ne l'ont pas vécu. Parce que c'est un événement historique important. Il faut donc savoir ce qui s'est passé. Son livre raconte et explique sereinement et de manière pédagogique, avec distance cette décennie de grand chambardement. La révolution tunisienne, ne serait-il pas un nouveau 68? Nous laissons la parole à Béchir Garbouj pour nous l'expliquer