Il a fallu la rationalité allemande qui est l'essence même du génie allemand et sa grande culture bien avant Freiedrich Hegel, pour nous rappeler la meilleure voie de sortie de crise que la Tunisie traverse depuis trente ans et un certain « changement » du 7 novembre 1987, qui a mis en berne le développement régional cher à Bourguiba ! En effet, la chancelière allemande, Angela Merkel, une des dirigeantes les plus douées de sa génération et du globe, par sa perspicacité, sa force de caractère, mais aussi, et surtout, par son ouverture sur l'autre et sa volonté d'aller au devant pour résoudre les contradictions planétaires qui secouent l'humanité en ce moment, plutôt que d'assister impuissante au pourrissement, a démontré sa connaissance parfaite des réalités de notre pays et surtout du déficit de développement régional à la base de toutes nos souffrances présentes et à venir. Au-delà des 250 millions d'Euros (environ 600 millions de dinars), d'aide et d'accompagnement au développement des zones rurales tunisiennes, octroyés, la chancelière, donne la bonne trajectoire à suivre pour oxygéner le pays et contenir quelque peu la pression revendicative intenable et qui menace la stabilité et met en péril ce « bébé » démocratique tant attendu et admiré de par le monde, dans cette zone forgée à l'obscurantisme et à l'absolutisme depuis le Moyen-âge. Toutes ces exigences embouteillées que connaît la capitale avec ces grèves permanentes au quotidien ça fait six ans, sont la conséquence du désespoir des régions intérieures de la dorsale Ouest du Nord au Sud et leurs habitants non apaisés parce qu'ils ne voient pas la mer ! D'où cette frustration qui se répand en agressivité verbale, de comportement et même physique en intégrant les idéologies du changement populiste et messianique extrémiste. On en veut aux régions « favorisées » finalement parce que bordées par le littoral plus prospère de l'Est et pour les élites qui ont « accaparé » le commandement depuis l'indépendance. Pourtant les 33 ans de règne du « bourguibisme » ressemblent en tout point à la « conquête » américaine du « Far West », par le nombre de réalisations dans tous les domaines, de l'infrastructure à l'agriculture, aux barrages et toute la scolarisation généralisée à chaque pouce du territoire national. Des cités entières furent construites. Mais, tout cela s'est avéré insuffisant et la poussée démographique pourtant ralentie, heureusement, par le planning familial, a donné une croissance d'exigences et une aspiration soutenue pour le bien être, et surtout l'emploi que les 23 ans du système « novembriste » n'ont pas pu combler. C'est d'ailleurs là, la cause majeure de son déclin et de sa chute. Tout cela est aussi le résultat d'un choix de gouvernement axé sur la facilité. En effet, c'est plus commode d'investir près des côtes que d'aller à Makthar, à Thala, ou à Meknassi. D'où cet exode massif vers les grandes métropoles de l'Est, alors, que l'Ouest s'est vidé de ses habitants, pour s'entasser dans les périphéries insalubres du grand Tunis. Tiens même le Belvédère en souffre ! La révolution n'a pas fait mieux, ou plutôt a fait pire, car le phénomène s'est accentué par la crise parfonde qui a touché l'Est et les villes même du littoral, sinistrées, suite aux frappes terroristes et l'atteinte au cœur du tourisme national et surtout de l'artisanat qui faisait vivre une bonne partie de la Tunisie profonde, la Tunisie des steppes du Centre et du Sud. Rien ne se perd, tout se transforme et l'accumulation des exigences ainsi que la fermeture d'unités hôtelières et d'usines de l'Est, ont ajouté à la densité de la crise générale. Alors, toutes les mesures d'apaisement étaient nécessaires et même impératives, y compris celle de ces recrutements jugés aujourd'hui « coupables » dans la fonction publique et qui ont terrassé le budget de l'Etat dans sa partie Titre II et développement. Même l'endettement tant décrié était nécessaire et seuls les populistes irresponsables parce qu'ils n'ont jamais mis la main à la pâte, le dénoncent, alors qu'ils poussent tout le temps aux grèves et à l'occupation de la rue, qui se traduisent par l'inéluctable gonflement de la masse salariale. C'est comme les tabagistes qui se font plaisir à fumer du matin au soir leurs « chichas » puis qui se plaignent d'un mal de poumons ! Maintenant, nous n'avons plus le choix. Il faut refaire le « Far-West » tunisien, et développer les régions, intensivement. Le jour où un Kéfois, un citoyen de Foussana, de Bir Ali et Kssar-Gafsa, pourra déjeuner en front de mer et regagner le même jour sa contrée de la Tunisie profonde devenue prospère et viable, avec, d'ailleurs, moins de pollution que les villes du littoral, ce jour là, les habitants de la dorsale Ouest, se seront réconciliés avec le pays des rivages maritimes... Tout le pays... c'est cela, la leçon magistrale d'Angela Merkel ! K.G