Ce qui se passe en Libye devrait interpeller les Tunisiennes et les Tunisiens à plus d'un titre. Voilà un pays immense avec plus de 2000 km de côtes, de l'eau et surtout du pétrole et du gaz à volonté pour quelque cinq millions d'habitants ! Notre adage populaire aurait suggéré : « Janna wa fiha brikaji » (un paradis avec un bon cuistot pour faire les bonnes briks à l'œuf !) Imaginez ce pays gouverné par la chancelière allemande Angela Merkel ou par le roi de Norvège ! Ce « paradis » serait plus beau et plus performant que bon nombre de pays européens prospères ou d'Asie du Sud Est. Mais, allons plus près et comparons ce pays aux Emirats Arabes Unis, à Dubaï ou un royaume comme celui de Oman, les Libyens seraient en ce moment beaucoup plus heureux et jouiraient d'une prospérité accessible et légitime, au lieu de faire la queue à Ras Jedir pour faire le « paradis » de leurs ancêtres devenu le nid et le vivier de toutes les milices extrémistes et sanguinaires du globe au nom de l'Islam. Les puissants « frères et amis » en fait de faux frères et de faux amis, très généreusement (sic) mettent leurs avions transporteurs au service des milices armées à Benghazi, Derna et ailleurs pour ramener des centaines et des milliers de combattants jihadistes de Syrie et d'Irak, histoire de « changer d'air » et tuer leurs « frères » et « sœurs » en Cyrénaïque, ces méchants mécréants » qui refusent l'Emirat islamique équivalent à Elil en Iraq et en Syrie et s'attachent à un gouvernement civil conforme à l'identité nationale libyenne. Beaucoup de commentateurs parlent de « guerre civile » en toute naïveté, alors qu'il s'agit tout simplement d'une guerre contre l'Etat le peuple et la société libyenne que la Révolution du 17 Fébrayer (février) 2011, a voulu réformer en vue de corriger les dépassements du régime précédent de feu Moammer El Kadhafi. D'ailleurs, les premières élections ont donné comme en Tunisie et en Egypte des « parlements » à majorité islamiste mais avec un panachage fonctionnel avec les libéraux et les modernistes. Encore que la Libye a toujours été homogène au niveau de l'identité arabo-musulmane avec conservatisme libéral et modéré. Mais, les mêmes erreurs pour ne pas dire les mêmes errements, des Tunisiens et des Egyptiens, comme l'exclusion des élites et des cadres nationalistes des régimes précédents, la mise sous tutelle wahabite des mosquées et l'accélération de la radicalisation religieuse et la montée des frères musulmans, enfin le démembrement des unités sécuritaires et l'effritement de l'armée nationale, déjà fragiles du temps du « kaïd » puis culpabilisées par la Révolution ou du moins, ceux qui en ont pris possession, ont été commises en Libye avec en plus la dimension tribale et l'arsenal militaire tombé aux mains des milices islamistes extrémistes. Alors que l'Egypte a été sauvée dans la douleur par le généra « Essissi » grand patron de l'armée impériale et solide du pays du Nil et que la Tunisie a été sauvée par le dialogue national et la mobilité ardente de la société civile et des élites modernisantes reflets d'une classe moyenne nombreuse et opposée depuis toujours à l'islamisation type « frères musulmans », les Libyens ont laissé faire les milices en leur donnant un « statut » au sein de l'Etat embryonnaire libyen, et ce, pendant plus de trois ans. La tentative d'intégration des groupes jihadistes armés et des milices au sein de l'armée nationale libyenne et des forces sécuritaires a échoué lamentablement parce qu'elles ne se sont pas fondues et « désintégrées » pour faire corps et âme avec les nouvelles institutions de l'Etat. Bien au contraire, en mettant sous leur « protection » (pour ne pas dire protectorat) les ministères et le Congrès populaire (Parlement), elles ont réussi à devenir la tutelle de l'Etat et ses véritables « seigneurs » de fait un Etat armé dans un Etat désarmé ! Il a suffit que de nouvelles élections annoncent en « coulisse » un raz de marée libéral, civil et moderniste pour provoquer la « rébellion » des milices islamistes, qui voient leur rêve de créer un Emirat califal, s'évaporer. D'où le feu et l'agressivité qui s'en sont suivis sur tout le littoral libyen pour atteindre la capitale Tripoli et son aéroport civil. La bataille engagée, bien tardivement, par le général Khélifat Haftar, ancien chef d'Etat major de l'armée de terre au nom de « El Karama » (la dignité) et qui ambitionne de bouter hors de Libye les brigades islamistes internationales, alliées à Al Kaïda, ou Daëch, ou Jabhat Annosra, ou Ansar Acharâia (faites vos choix chez le bazar.... !), semble piétiner et manque de soutien logistique décisif de l'Occident qui se fait très discret après avoir inondé ce pays paisible de tous les instruments de la discorde et de la mort. Le général Haftar n'est pas « Essissi ». Et l'armée libyenne n'est pas l'armée qui a mis en pièces « la ligne Berlev » israélienne lors de la guerre d'octobre en 1973 ! Pour le moment, ni vainqueur... ni vaincu... ! Si... le peuple frère de Libye cette merveille, ce paradis en voie de démembrement qui a pris le chemin de l'exode en Tunisie (ils sont plus de deux millions) et ailleurs, pour fuir la barbarie, les prises d'otages, les exécutions sommaires, les assassinats des intellectuels et hommes politiques... bref, la totale terroriste ! Il reste peut être une solution « surréaliste », rétablir la Monarchie et le trône des « Senoussi », après tout la Libye n'a jamais été aussi heureux aussi libre et aussi épanouie que du temps du roi Idriss et son dauphin « Sidi Al Hassen » ! Entretemps, la Libye brûle dans le propre et le figuré ! Prions pour elle et pour nos frères de toujours ! Quant aux Tunisiennes et aux Tunisiens, ils ont doivent faire très attention pour s'immuniser contre un scénario à la libyenne car en ces d'exode massive, nous ne pouvons aller nulle part ! A l'ouest, le Chaâmbi et à l'Est, la mer ! Take carre ! K.G