La galerie d'art et d'essai « Le Damier », à Mutuelleville, organise depuis le 17 et jusqu'au 29 mars une exposition en hommage à l'artiste plasticien tunisien Jalel Kesraoui en commémoration du deuxième anniversaire de sa disparition. Sous le titre évocateur de « Deux ans déjà », l'exposition propose une trentaine d'œuvres de cet artiste auteur d'un beau livre qu'il avait dédié aux « Peintres naïfs tunisiens » et édité chez Cérès productions. Peintre talentueux et sensible, toujours inspiré par la lumière, les couleurs, les traditions et le patrimoine de la Tunisie, il a vécu à Soliman où il avait ouvert un espace culturel. Diplômé de la Sorbonne en lettres françaises, en histoire de l'art, en archéologie et en muséologie, ses œuvres figurent dans des collections sur les cinq continents. Le visiteur découvre ou redécouvre le style et le talent de Jalel Kesraoui qui peignait en toute simplicité, à première vue. Mais en fait, ses tableaux illustrent le quotidien tunisien avec une prédilection pour la femme. Un hommage qu'il rend à Eve avec des regards de tendresse et d'amour. Où les couleurs locales se prêtent au regard. « Une magie tunisienne », pour reprendre le titre de l'une de ses œuvres. Et cette femme est vue sous le regard de l'artiste particulièrement en été avec ses habits traditionnels qui vont parfois et parfaitement avec ceux modernes et modernistes. Et ce n'est point seulement la femme qui est représentée autant que la musique que cette dernière joue. La musique y est omniprésente. Le Rythme and « blouse » renvoie à la Blouza tunisienne traditionnelle avec une extraordinaire paronymie. Cet hommage à la femme est « une source où se dessine la carte du Tendre entre les torrents de médisance et les îles d'infidélité entre les rochers de la discorde et le désert de l'habitude », comme le souligne Sylvain Montéléone, dans le petit texte de présentation du travail de Jalel Kesraoui. Une exposition où les colombes s'y invitent avec leurs mouvements incessants, avec le contraste des lumières bleue et blanche où parfois les ailes se confondent aux mains des femmes. Jalel Kesraoui, et tout au début de son texte contenu dans le livre « Peintres naïfs tunisiens » insiste sur le fait que la peinture naïve ne donne pas à penser, mais à admirer la beauté. Son exposition hommage que lui rend la galerie « Le Damier » donne l'occasion de se souvenir de ce grand artiste que fut Jalel Kesraoui. Paix à son âme !