Le travail des enfants n'a pas totalement disparu et pourrait même se développer sous l'effet de la crise économique. Dans la plupart des pays, les responsables sont conscients du problème, mais rares sont ceux qui sont prêts à s'y attaquer.Si le travail des enfants est un phénomène grave, c'est aussi parce qu'il perturbe leur scolarité : leurs résultats ne tardent pas à s'en ressentir et beaucoup d'enfants finissent par décrocher. Cela ne fait que perpétuer le cycle de la pauvreté. C'est dans ce cadre que le projet baptisé « Tous contre le travail des enfants en Tunisie », entrant dans le cadre du programme national de lutte contre le travail des enfants, a été lancé lundi à Hammamet. Ce projet, qui s'étend sur la période 2017-2020, vise essentiellement à élaborer des plans pratiques au service du programme national ainsi que des mécanismes de suivi, d'exécution et d'évaluation. Le lancement du projet a été annoncé sous forme d'un atelier de travail qui se poursuivra jusqu'au 20 avril courant sous la supervision du comité de pilotage du programme national de lutte contre le travail des enfants..« Ensemble contre le travail des enfants en Tunisie » a pour objectif d'aider le gouvernement et les principales parties prenantes à mettre en œuvre le Plan d'Action National de lutte contre le travail des enfants (PAN-TN) en renforçant les capacités du Ministère des Affaires Sociales, des organisations de travailleurs (Union Générale Tunisienne du Travail, UGTT) et des organisations d'employeurs (Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat, UTICA et Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche, UTAP). Il a également pour but de renforcer la collaboration avec les principales parties prenantes, notamment les ministères de l'Education, de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, de la Formation Professionnelle et de l'Emploi, de l'Intérieur, de la Justice ainsi que d'autres ministères dont la Santé, la Jeunesse et des Sports et/ou l'Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche et l'Institut National des Statistiques, et les partenaires au développement. La coordinatrice générale du projet Naïma Zaghdoudi a affirmé que ce projet vise à renforcer la coopération interinstitutionnelle entre les appareils de l'Etat, les organisations et les composantes de la société civile, à créer un système d'information sur ce phénomène, ses causes et ses dimensions, et à sensibiliser aux dangers de l'exploitation et du travail des enfants. Des chiffres préoccupants Plusieurs enfants travaillent en Tunisie dans l'agriculture, dans les ateliers de menuiserie et de réparation mécanique et dans les salons de coiffure et les foyers pour les petites filles.« Ce problème nécessite une stratégie nationale complète, impliquant toutes les parties concernées et incluant l'ensemble des programmes et des politiques de protection de l'enfance », a souligné le ministre des Affaires sociales Mohamed Trabelsi qui s'est dit préoccupé par ce phénomène où près de 100 mille élèves quittent chaque année les bancs de l'école vers un sort qui demeure inconnu, ce qui les expose à toutes les formes d'exploitation, dont le travail des mineurs. D'où la nécessité d'élaborer une stratégie commune de lutte contre la pauvreté et le travail des enfants ainsi que la protection de l'enfance délinquante et des catégories marginalisées. Trabelsi a en outre expliqué que le phénomène du travail des enfants s'est aggravé au cours des dernières années. Ceci n'empêche pas que le ministère alloue une aide financière pour 250 mille familles dont la situation est très précaire. Une enquête nationale sur le travail des enfants basée sur un échantillon de 15 mille familles sera réalisée par l'Institut national de la statistique et dont les résultats seront publiés en septembre 2017, permettant de diagnostiquer la situation et d'établir les politiques adéquates contre ce fléau. La ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance Néziha Laabidi a pour sa part indiqué que les délégués à l'enfance reçoivent chaque année près de 9500 signalements relatifs à l'enfance, y compris le travail des enfants et les agressions dont ils sont victimes.