Les résultats obtenus à l'examen du baccalauréat ou au cours des études universitaires ne seront plus le seul critère pour l'octroi des bourses d'études à l'étranger mais il sera aussi tenu compte des besoins du pays en fonction des priorités nationales en matière de développement, a indiqué le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Slim Khalbous, lors d'un point de presse tenu, vendredi 19 mai, au siège du département à Tunis. Commentant cette nouvelle politique des bourses d'études à l'étranger, des participants nous ont dit craindre qu'elle n'introduise une part de subjectivité dans l'appréciation des dossiers des candidats, contrairement à la transparence totale assurée par la sélection fondée sur les notes et les résultats à l'examen du baccalauréat et aux examens universitaires. Quelques 30 millions dinars sont alloués annuellement, dans le cadre du budget de l'Etat, à titre de bourses d'études à l'étranger au profit des nouveaux bacheliers et étudiants brillants, tandis que la formation d'un étudiant dans les établissements d'enseignement supérieur tunisiens coûte 10 mille dinars par an. Le nombre des boursiers tunisiens à l'étranger s'élève actuellement à 2500, en particulier en France, Allemagne, Pologne et Canada. Mais il y a, aussi, beaucoup d'étudiants tunisiens qui vont faire leurs études à l'étranger, par leurs propres moyens, notamment en France (32%), Allemagne (26%), et dans plusieurs autres pays comme la Roumanie, la Russie, le Canada, l'Ukraine, les Etats Unis, le Maroc. Sur un autre plan, le ministre a défendu la mobilité des compétences tunisiennes, ou ce qu'on avait pris l'habitude d'appeler « fuite des cerveaux », signalant que pendant les trois dernières années, quelques 1840 enseignants chercheurs tunisiens ont préféré partir à l'étranger, dont 1600 dans les pays arabes, alors que le plus grand nombre de bacheliers et étudiants brillants envoyés à l'étranger en tant que boursiers de l'Etat ne rentre pas au pays au terme de leur formation. Le ministre a indiqué que des actions seront entreprises pour renforcer les liens entre les compétences tunisiennes à l'étranger et leur pays, en faisant de ces compétences « des ambassadeurs scientifiques » de la Tunisie, dans leurs pays d'accueil. Au même moment, des mesures sont envisagées en vue d'accroitre les échanges d'étudiants notamment avec les pays maghrébins et les pays africains. Actuellement, les étudiants étrangers en Tunisie représentent 2,5% seulement de la population estudiantine. Les établissements d'enseignement supérieur public n'accueillent les étudiants étrangers que dans le cadre de la coopération bilatérale, comme avec la Mauritanie dont 1600 étudiants poursuivent leurs études en Tunisie dans le cadre de la coopération bilatérale, au point qu'une session spéciale du concours d'entrée aux écoles tunisiennes d'ingénieurs est organisée en Mauritanie. Un programme de coopération en matière de formation des formateurs est conclu avec le Mali. Cependant, les étudiants étrangers qui viennent spontanément d'eux-mêmes, en dehors de la coopération bilatérale, pour faire leurs études supérieures en Tunisie rencontrent des difficultés au niveau de l'obtention de la carte de séjour. Le ministre a indiqué que des démarches sont entreprises en vue de faciliter les procédures d'octroi de la carte de séjour à cette catégorie d'étudiants étrangers. Les établissements d'enseignement supérieurs publics pourraient aussi à l'avenir accueillir des étudiants étrangers libres (en dehors de la coopération bilatérale), moyennant des frais d'inscription conséquents.