Le ministre des affaires culturelles Mohamed Zine El Abidine a annoncé que le conservatoire national de musique de Tunis portera désormais le nom de feu Salah El Mahdi en reconnaissance à son apport considérable dans la promotion de la musique tunisienne et en signe de considération pour sa place de choix sur la scène artistique et musicale. Lors d'une soirée hommage à la mémoire du musicologue et compositeur Salah Mehdi, organisée au siège du conservatoire et en présence d'un grand nombre d'artistes et de musicologues qui l'ont côtoyé de plus près, il a été procédé à l'inauguration de la salle "Salah El Mahdi" où a été organisée une exposition photographique et documentaire retraçant une partie de son long parcours. Dans une allocution, le ministre des Affaires culturelles a tenu à signaler que cet hommage est une reconnaissance à toute une génération de pionniers et fondateurs de la musique tunisienne pour leur riche contribution dans la promotion de la musique tunisienne en dépit de leurs modestes moyens. Il a, à cette occasion, énuméré les multiples qualités de feu Salah El Mahdi qui, bien qu'il soit juge à la base, il n'avait épargné aucun effort pour se dévouer à la musique et à enrichir ses annales. Qui est Salah El Mahdi ? Salah Ben Abderrahmane El Mahdi Chérif est né le 25 février 1925 à Tunis et est décédé le 12 septembre 2014. Après avoir appris le Saint Coran et suivi le premier cycle de l'enseignement secondaire dans une école publique, il s'inscrit à la grande mosquée Zitouna où il a obtenu en 1948 le Diplôme « et - Tahsil » puis « el Alamiya » en littérature en 1951. Il a suivi, en outre, des cours de droit à l'école relevant des instances judiciaires tunisiennes, et réussi le concours de la magistrature. Il fut par ailleurs parmi les lauréats de la première promotion de l'Ecole Supérieure d'Administration. En 1983 il obtient le Doctorat en musicologie. Salah El MAHDI doit sa formation musicale à son père Cheikh Abderrahmane, considéré comme l'un des détenteurs de la tradition musicale tunisienne. Le domicile des parents était un lieu où se tenaient des séances de chant de « malouf » (chants traditionnels) avec la participation d'éminents musiciens à la tête desquels figure le grand maître Cheikh Khemaïs Tarnane. Ainsi le jeune Salah s'initie à la musique et apprend des noubas, « mouwachah » et autres pièces du patrimoine tunisien et oriental. Il parfait sa formation à l'association la Rachidiya, où il suit des cours de musique donnés par des maîtres illustres dont notamment Cheikh Ali Derwiche al Halabi et Cheikh Khemaïs Tarnane. Il ne tarde pas à occuper une place de choix dans le milieu musical tunisien en tant que l'un des meilleurs joueurs de « nay » (flûte) dans le monde arabe et compositeurs. En 1951, et suite à son succès au concours de magistrature, il est nommé juge au tribunal de Tunis, (connu sous le nom de la « Driba »), en 1956 il est affecté au tribunal de Tébourba. En 1957 il est chargé des fonctions de Chef de Service des Arts au Secrétariat d'Etat à l'Education Nationale. Après la création du Secrétariat d'Etat aux Affaires Culturelles en 1961, il est nommé à la tête de la Direction de la Musique et des Arts Populaires. Au début des années quatre - vingt du 20ème siècle il est nommé Directeur Général de l'Animation Culturelle et responsable des festivités organisées à l'occasion de l'anniversaire du Président Habib Bourguiba, fonctions qu'il a assumées jusqu'à sa mise à la retraite administrative en 1985. Pendant sa carrière administrative il fonde plusieurs institutions, associations et autres organisations culturelles, dont notamment l'Association Nationale de la Préservation du Saint Coran, l'Ecole Nationale de Psalmodie du Coran, l'Union des Auteurs et Compositeurs Tunisiens, la Troupe Nationale des Arts Populaires, L'Orchestre Symphonique Tunisien, la Fédération Tunisienne des Jeunesses Musicales et participe à la création de la Société des Auteurs et compositeurs Tunisiens (dont il assuré la présidence pendant des années) . Par ailleurs il a posé les jalons de l'enseignement musical spécialisé dispensé au Conservatoire National de Musique et de Danse et généralisé par la suite dans les conservatoires régionaux après avoir mis les programmes de l'éducation musicale dans le premier cycle de l'enseignement secondaire. Malgré ses nombreuses fonctions il a assuré des cours de musique et de chants dans les conservatoires publics et privés participant à la formations de générations de musiciens dont beaucoup deviendront des enseignants, chercheurs tunisiens et étrangers. Durant sa riche carrière administrative il a lancé l'organisation de plusieurs festivals de musique et de danse : festival du Malouf de Testour, festivals de chants confrériques de Kairouan et de Gabès, festival international des arts populaires de Carthage, stage de formation des jeunes musiciens (semaine de l'art), festivals régionaux de musique et d'arts populaires... Carrière artistique Il la commence à l'association la Rachidiya dont il dirige l'orchestre à plusieurs reprises à partir de 1949. Il est élu à maintes reprises à la présidence de cette association et en est devenu président honoraire. Zyriab, c'est le pseudonyme que Salah El Mahdi choisit en référence au grand musicien abbasside après sa nomination en tant que magistrat, a à son actif près de six cents compositions dans des formes et styles différents (pièces instrumentales, noubas, « mouwachah », chansons...). Il est entre autre le compositeur du premier Hymne National Tunisien après l'indépendance (1956). Plusieurs de ses compositions ont contribué à lancer des vedettes de la chanson tunisienne à la tête desquelles figurent Oulaya, Naâma, Soulef et bien d'autres... Dans le domaine de l'information, El Mahdi compte parmi les producteurs d'émissions musicales radiophoniques (la musique arabe) et télévisuelles (« noujoum el ghad » ou stars de demain, il est par ailleurs l'auteur du scenario d'un feuilleton sur Khémaïes Tarnane ) en plus de ses participations à plusieurs émissions en tant qu'invité.