La Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS) a finalement obtenu gain de cause. Cette fédération syndicale rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a annoncé, dans un communiqué publié hier, le report officiel des élections des directeurs, doyens et des recteurs ainsi que des membres des conseils de tous les établissements d'enseignement supérieur et de recherche. «Suite à des contacts établis par le secrétaire général de l'UGTT avec le Chef du gouvernement et le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifiques, il a été décidé de reporter les élections des dirigeants des établissements universitaires et des instances pédagogiques qui étaient initialement prévues en juillet», a précisé la structure syndicale regroupant les enseignants universitaires, toutes catégories confondues. La FGESRS a également félicité les enseignants pour leur forte mobilisation qui a permis de barrer la route à une «mascarade» qui aurait pu déboucher à des «élections sans électeurs». Le secrétaire général de la Fédération, Hassine Boujarra, a indiqué dans ce contexte que les élections ont été reportées à la prochaine rentrée universitaire. «Le vote devrait avoir lieu fin septembre ou début octobre. En attendant de nouvelles négociations devrait s'ouvrir entre la fédération et le ministère pour tenter de dégager un consensus sur le décret régissant cette opération électorale ». M. Boujarra a également révélé qu'une réunion avec le ministère devrait se tenir prochainement pour résoudre certains dossiers en suspens, dont notamment le versement des honoraires relatifs à l'encadrement des projets de fin d'études (PFE) et des indemnités des professeurs agrégés d'ici fin août. Un bras de fer avait opposé la FGESRS et le ministère de l'Enseignement supérieur au sujet du décret relatif aux élections relatif aux élections des directeurs, doyens et des recteurs ainsi que des membres des conseils de tous les établissements d'enseignement supérieur et de recherche. Alors que le ministère continuait à affirmer que le décret controversé fait l'objet d'un large consensus et s'apprêtait à publier le calendrier des élections prévues en juillet, la fédération syndicale a menacé de boycotter cette opération électorale et réclamé l'ouverture de négociations sur le décret électoral avant de le soumettre au conseil des Universités pour approbation. La FGESRS a vertement critiqué au cours des dernières semaines ce décret électoral «préparé dans les bureaux clos du ministère de l'enseignement Supérieur» et qui comprend plusieurs «mesures anti-démocratiques » et des «incohérences manifestes». Elle a notamment fustigé l'autorisation des chefs de départements à participer aux élections du doyen ou du directeur de chaque établissement d'enseignement supérieur. D'après la fédération, les chefs de départements ne bénéficient que d'une légitimité électorale très réduite parce qu'ils ne sont élus que par les membres de ce département (le nombre de ces membres dépasse pas une dizaine dans certains cas) tandis que les membres des conseils scientifiques sont élus par l'ensemble des enseignants permanents. Une éventuelle participation des chefs de départements aux élections rendrait aussi quasi-impossible le retrait de confiance au directeur ou au doyen puisque cette procédure qui vise à éviter toute propension à la gestion unilatérale de l'université nécessitera désormais le feu vert des deux tiers (2/3) des membres des conseils scientifiques et des chefs de départements. La fédération syndicale a également qualifié d' «aberration» l'adoption du scrutin uninominal pour l'élection du doyen ou du directeur de chaque établissement universitaire et du mode de scrutin de liste pour l'élection du président de chaque université et de ses deux adjoints. Il s'agit, selon le syndicat, d'une incohérence risque de transformer l'Université en un espace de luttes partisanes et idéologiques. De plus, elle risque de conduire au rejet de l'ensemble du décret électoral en cas d'introduction d'un recours auprès du Tribunal administratif.