Le syndicat reproche au ministère de ne pas commencer par changer les lois fondamentales et d'entamer réellement la réforme du système universitaire, pour procéder ensuite, et sur cette base, au changement du mode de scrutin Finalement, les élections des structures scientifiques et administratives universitaires prévues pour le mois en cours n'auront pas lieu. Elles sont reportées à l'année universitaire prochaine, sans précision supplémentaire quant à la date de leur tenue. Ce report intervient à la suite de la demande que le secrétaire général de l'Ugtt a adressée au chef du gouvernement, après consultations avec la Fgesrs et un certain nombre de recteurs. L'intervention de Noureddine Taboubi était dictée par le degré de gravité atteint par la crise entre la partie ministérielle et la partie syndicale, à cause de ces élections qui étaient sur le point de se dérouler dans des conditions inappropriées, eu égard, notamment, au fait que les universitaires partent en vacances après une année universitaire épuisante, clôturée par le marathon des examens. Quel sort pour le «plan d'action stratégique » ? Donc, les tiraillements à ce propos sont loin d'être terminés. Ils persistent et s'accentuent tant que le décret et le calendrier électoral ne sont pas soumis à l'approbation du Conseil des universités. L'un des points de discorde, sur cette question épineuse, entre le ministère et le syndicat est inhérent à la participation des chefs de département à ces élections, et qui est contestée par celle-ci en raison de leur légitimité réduite, étant donné qu'ils ne sont élus que par les membres de leurs départements respectifs, contrairement aux membres des conseils scientifiques qui sont élus par l'ensemble des enseignants permanents, comme l'explique le secrétaire général de la Fgesrs, Houcine Boujarra. Rappelant qu'il n'y a pas eu d'évaluation bien délibérée de la loi électorale depuis 2011 dans un cadre de participation effective, le syndicaliste reproche au ministère de ne pas commencer par changer les lois fondamentales et d'entamer réellement la réforme du système universitaire, pour procéder ensuite, et sur cette base, au changement du mode de scrutin. Selon lui, l'autorité de tutelle a choisi d'agir contrairement à cette logique. « Non à l'insertion de l'université dans l'arène politique », s'écrie de son côté le recteur de l'université de Tunis, Hmaid Ben Aziza. Il estime que cela serait de nature à provoquer une guerre civile à l'intérieur des établissements universitaires, soulignant que la seule issue à cette situation de crise réside dans le retrait de ce projet ministériel. L'ex-recteur du campus d'Al Manar, Abdelhafidh Gharbi, fait remarquer, pour sa part, que la Commission nationale de réforme du système universitaire, qui a travaillé pendant quatre ans de manière démocratique et avec une bonne gouvernance, est enterrée par le ministre actuel, après seulement six mois d'expérience, et pourtant elle a élaboré un plan d'action stratégique qui est ratifié par le Conseil des universités et le Conseil des ministres. En fait, il y a longtemps que le torchon brûle entre les deux parties ; la question des élections, vieille de trois mois, vient s'ajouter à une autre qui est d'ordre matériel. Privilégier le dialogue pour résoudre les conflits La Fgesrs soutient que tout en promettant aux agrégés de leur rembourser le prélèvement sur salaire, le ministère desserre l'étau autour de ceux parmi eux qui ont répondu favorablement à son appel de ne pas remettre les notes et de boycotter les concours nationaux d'entrée aux cycles de formation d'ingénieurs, et ce à travers des correspondances de menaces envoyées aux recteurs qui les ont envoyés, à leur tour, aux agrégés via les directeurs et les doyens. La crise s'intensifie, d'après le secrétaire général de la Fgesrs, Houcine Boujarra, par les tentatives de la part du ministre d'annuler l'accord conclu entre l'autorité de tutelle et le syndicat, selon lequel la première partie s'engage par écrit à payer la prime de recrutement et la prime mensuelle des agrégés, et à s'acquitter de ses dettes envers les enseignants qui ont encadré les PFE depuis 2013 jusqu'à l'année universitaire en cours, pendant le mois en cours et au plus tard dans le cadre des salaires du mois d'août prochain. Mais, ce qui aggrave davantage la situation, toujours selon lui, c'est le fait que le chef du cabinet se mêle de la partie, non pas pour essayer de rapprocher les points de vue et d'apaiser la tension, mais pour appuyer la politique menée par le ministère et qui vise « à faire échouer son action revendicative et à l'isoler ». Puisqu'il s'est réuni avec des agrégés, qui n'ont aucun rapport avec la Fgesrs et qui appartiennent à d'autres syndicats qui se sont coalisés pour affronter cette dernière sous la bannière du ministère, comme le montre leur refus d'emprunter le moyen de lutte préconisé consistant dans la non-remise des notes et demandent de signer un accord à cet égard, conformément à la déclaration de Boujarra. Ce qui leur ôte tout droit de demander de revenir sur une décision à laquelle ils n'ont pris part ni de près, ni de loin. Il exprime, toutefois, l'espoir que tous ces dossiers suspendus seront résolus dans le cadre de la session de négociation qui se tiendra la semaine prochaine entre le ministère et le syndicat. D'ailleurs, Taboubi insiste sur le fait que le respect d'une vraie politique de dialogue avec la partie syndicale et l'application des règles de participation effective demeurent l'unique voie pour résoudre toutes les questions litigieuses. Enfin, le secrétaire général de la Fgesrs réitère la détermination à s'opposer énergiquement et par tous les moyens légitimes et pacifiques à cette politique préjudiciable à l'université, et à faire face à la gestion verticale appliquée par l'autorité de tutelle et au mode de scrutin dans sa formule actuelle, afin de préserver la démocratie et l'indépendance de l'université tunisienne.