Pour le championnat en Tunisie, les saisons se suivent et se ressemblent, même si on a tendance parfois, à changer la formule, dans le but d'améliorer le niveau et de le rendre intéressant, soi-disant. Seulement, tout l'intérêt a été porté sur la forme et nullement sur le fond. Depuis plus de trois décennies, et à part les quatre grandes équipes, rituelles aspirant aux sacres, deux équipes seulement, aux ressources financières modestes, ont été sacrées champions. Il s'agit de la JSK (76-77) et du CAB (83-84). Ceci pour dire que depuis, à part l'EST, l'ESS, le CA et le CSS, toutes les autres équipes ont servi de comparses, ni plus ni moins. Système stérile Pourtant, dès l'indépendance, le niveau était de loin meilleur, avec l'émergence de joueurs talentueux, dans tous les clubs, sans exception. Ironie de l'histoire, c'était au moment de l'amateurisme quand les joueurs ne possédaient ni voitures, ni autres moyens de transport pour rejoindre les entraînements. Seulement, ils avaient le foot dans le sang. Ils avaient de la passion. A l'issue de la saison « 59-60 », l'Espérance a été sacrée champion, comme récompenses, on a offert aux joueurs des montres, lors d'un diner dans un majestueux restaurant de la capitale ! Pour eux, le geste qui compte, l'essentiel, l'EST était sur le podium, car c'était l'aboutissement de leurs souffrances et de leurs sacrifices, de leurs sueurs et de leurs sang laissés sur les terrains – terre battue –. A cette période, qui s'étalait de 1956 à 1967 (en dix ans), pas moins de trois équipes (toujours à part le quatuor suscité), ont remporté le championnat : CSHL, ST (4 fois) et le SRS. En cette période, le football tunisien, malgré le manque de moyens, s'est forgé une grande réputation sur les plans arabe et africain. Alors, à quoi est due cette dégringolade ? La réponse est simple : la politique footballistique parrainée depuis « 1999-2000 », avec l'instauration du professionnalisme en est la cause, car elle était trop prématurée. Un choix, sans aucune réflexion ! Normalement, un tel choix aurait dû faire l'objet d'une longue étude, mûrement réfléchie, en se débattant de tous les aspects, avec la participation des techniciens en football, des experts économiques, et des représentants des affaires sociales. De tels débats auraient mis à nu les carences dont on souffre toujours. Depuis cette « révolution » footballistique, les exigences du professionnalisme attendent jusqu'à nos jours, d'être satisfaites. On ne peut guère parler de professionnalisme, alors que la quasi-majorité des clubs assurent leur gestion quotidienne grâce aux subventions de la Tutelle et aux dons des autorités régionales. De ce fait, les clubs huppés avec cette opulence, qui fait couler les salives, se trouvent par voie de conséquences, et dès le départ, largement avantagés par rapport aux autres clubs Donc, où est l'équité, dans le cas échéant. Cette disparité au niveau des moyens est, en effet, à l'origine de cette monotonie, qui ne cesse d'affecter de plus en plus le charme du championnat. Entre un club riche qui peut se permettre de recruter les meilleurs joueurs du continent, tout en raflant les meilleurs joueurs locaux et un autre qui souffre le martyr pour honorer ses arriérés, il serait ridicule de parler d'égalité des chances entre les clubs. Riches et pauvres Tant que les salaires des joueurs et des entraîneurs ne sont pas plafonnés, selon une réglementation claire et rigide, le fossé va se creuser davantage entre les riches et les pauvres. Le grand perdant ? C'est notre football, évidement, car, comme on en constate, depuis belle lurette, la concurrence pour le titre se limite à quatre clubs. La question qui se pose jusqu'à quand cela va durer ? La réponse est toutefois conditionnée par l'existence de compétences capables d'entreprendre avec tout le courage requis une refonte totale, susceptible d'apporter des garanties à l'avenir du sport-roi, en Tunisie. Néanmoins, si on va continuer avec cette tendance teintée d'hypocrisie : tantôt, amateur, tantôt professionnel, selon l'humeur des responsables des clubs et ceux de la fédération, notre football finira par perdre le peu qui lui reste comme charme. Pour le sauver, il faut des hommes !! Sans nous en rendre compte, l'avenir de notre football, en particulier, et de nos clubs, en général, est en danger en l'absence des règlements clairs pour dissiper carrément, ce flou dans lequel le football tunisien patauge. Pour être explicite, est-il normal que la survie d'un club est tributaire de la générosité de ses responsables qui dépensent à coups de... milliards. A-t-on pensé à l'avenir de ces clubs, une fois, ces responsables perdent le plaisir de continuer à faire des largesses ! En effet, pour dénicher des sources de financement, afin que le club soit à l'abri de tout danger, c'est toute une réglementation à revoir de fond en comble !