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Salah Gueddiche (directeur technique des jeunes à l'USM) : «Un système précaire et sans perspectives»... Dossier : Professionnalisme, qu'est-ce qui doit changer ? (1ère partie : compétition nationale)
Selon notre interlocuteur, le professionnalisme tel qu'il est appliqué depuis 33 ans par notre football a été une vraie catastrophe pour les clubs qui ne cessent de livrer une bataille sans merci pour assurer leur survie... «L'avènement du soi-disant ‘‘professionnalisme'' en 1985 avait constitué en cette période une révolution dans le paysage footbalistique en Tunisie. Cette idée géniale et innovatrice inspirée par des spécialistes du système appliqué en Europe et adoptée très vite par le ministère de tutelle a été très bien accueillie par les dirigeants, les entraîneurs et les joueurs des clubs des ligues 1 et 2 concernées par son application. Toutefois, si ce système a été bien apprécié par les clubs qui avaient bénéficié au début de quelques subventions du ministère de tutelle, des autorités régionales sans oublier certaines entreprises étatiques et privées pour arriver à gérer leur quotidien tranquillement et sans trop de problèmes, il s'est avéré, désormais par la suite et notamment ces dernières années, que le professionnalisme est un ‘‘bluff'' incapable de répondre aux besoins urgents de tous les clubs riches ou pauvres en matière de financement de leurs engagements envers leurs staffs techniques, joueurs et fournisseurs. Les charges de ces clubs ont été multipliées par trois, voire quatre, et leurs caisses très affectées par un déficit devenu permanent et qui se chiffre chez certains d'entre eux à des milliards, ne cessent de constituer un grand handicap pour les dirigeants obligés de s'endetter auprès des banques ou des particuliers pour espérer survivre. Vraiment, c'est catastrophique avec ce professionnalisme à mon avis sans fondements ni perspectives, et qui a plongé tout le monde dans le désarroi. Par quoi expliquer un championnat professionnel où staff technique, joueurs, autres cadres et même les arbitres restent des mois sans salaires. C'est une situation inconcevable et qui s'est répercutée sur le niveau de notre championnat, secoué, il faut l'avouer, par un nombre incalculable de litiges entre clubs d'un côté et joueurs ou staff technique de l'autre. Ces litiges ont dépassé les limites de nos frontières pour aller trouver des solutions auprès des instances de la Fifa, notamment dans les dossiers des joueurs étrangers limogés par leurs clubs. Voyez ce qui est arrivé récemment au CAB et avant lui l'OB et qui ont vu leur capital points amoindri de 6 points chacun par la Fifa. En raison de quoi? Tout simplement parce qu'ils n'ont pas de quoi payer leurs joueurs limogés. Est-ce que le professionnalisme tel qu'il est appliqué dans notre pays a prévu ce genre de problème en mettant par exemple une barrière limite concernant la grille des salaires octroyés aux joueurs et entraîneurs tunisiens ou étrangers et qui sont devenus ces dernières années exorbitants? Non et mille fois non. C'est le dernier des soucis de notre ''humble'' professionnalisme qui n'a rien apporté au football tunisien; en revanche, il a accaparé nos clubs les plus prestigieux par les lourdes dettes auprès des banques et des présidents les plus aisés et les exemples à ce niveau sont nombreux. Espérons que le vrai nouveau professionnalisme, élaboré par des spécialistes à l'issue d'une consultation nationale et qui attend toujours son adoption par les députés du parlement, verra le jour pour atténuer un tant soit peu la souffrance et le désarroi de nos clubs qui ont besoin de sources financières stables et durables, chose très importante et qui est mentionnée dans le nouveau projet à travers la transformation des clubs en sociétés qui ont leurs propres activités et leur conseil d'administration».