Le chef du gouvernement Youssef Chahed a affirmé, en réponse aux interventions des députés lors des débats en plénière jeudi soir, que «faire planer le doute sur la lutte contre la corruption ne peut que profiter aux corrompus. «Mais malgré les divergences sur la politique suivie par le gouvernement, cette lutte fait l'unanimité», a-t-il affirmé. Répondant aux accusations sur son implication dans un dossier de corruption alors qu'il était secrétaire d'Etat chargé de la pêche, il a précisé qu'une société avait remporté une transaction portant sur 200 unités de pêche et demandé de les généraliser sur toute la flotte tunisienne, mais le ministère de l'Agriculture avait rejeté la demande conformément à la loi sur les marchés publics. Il a indiqué que la société avait protesté, portant plainte contre le ministre de l'Agriculture et contre lui-même en tant que secrétaire d'Etat, «qui ne signait alors aucune transaction», devant l'instance de l'offre publique et devant la justice qui avait classé le dossier pour manque de preuve. Au sujet de la banque franco-tunisienne, le chef du gouvernement a précisé que le jugement rendu il y a seulement 72 heures vise à faire assumer la responsabilité et n'a pas infligé d'amende contrairement aux allégations. «Cette affaire devant l'arbitrage international remonte à 1982 et l'Etat tunisien a chargé des avocats des grands bureaux de Grande Bretagne. Après avoir pris connaissance en détail de ce dossier l'opinion publique sera informés et l'Etat fera appel du verdict si nécessaire», a-t-il précisé. Au sujet des arrestations, Chahed a indiqué qu'elles ont été opérées selon la loi d'urgence et les procédures légales. «Ces dossiers sont entre les mains de la justice avec l'émission de mandats d'arrestation à l'encontre de certains d'entre eux», a rappelé le chef du gouvernement, insistant sur le fait que les procédures ne sont pas administratives mais judiciaires et ont été effectuées en secret pour garantir leur réussite. «La traduction de deux personnes seulement devant la justice a abouti au versement de 700 millions de dinars de droits de douanes», a-t-il assuré. Il a souligné que «la guerre contre la corruption n'est pas sélective et ne vise pas des adversaires politiques selon certains mais elle est menée au service de l'Etat et pour consolider ses ressources «. Concernant le dossier de la douane, le chef du gouvernement a affirmé qu'il «fait face à de nombreux problèmes», indiquant que le gouvernement a mis en place un programme de réforme sur quatre ans tout en reconnaissant une lenteur que le gouvernement s'emploie à combler. «Nous mettons l'accent également sur la numérisation de l'administration et la simplification des procédures afin de permettre à l'Etat de poursuivre les corrompus dans les opérations administratives», a-t-il ajouté. Concernant le pôle financier, le chef du gouvernement a affirmé qu'il a été doté de tous les équipements avant d'être renforcé en ressources humaines ce qui est du ressort du conseil supérieur de la magistrature, tout en œuvrant à le doter d'un siège décent dans les meilleurs délais. Il a estimé que «le problème dans la lutte contre la corruption est la multiplication des vues», indiquant que la vision du gouvernement «peut souffrir de lacunes et que tous les débuts sont difficiles». «Cette lutte n'a pas commencé le 23 mai dernier avec la campagne d'arrestations mais a débuté en août 2016 avec la mise en place d'un important arsenal législatif dont la loi de protection des dénonciateurs des corrompus, l'instance de lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite ainsi que les mesures de reforme administrative», a expliqué Chahed. Il a tenu à souligner que la guerre contre la corruption «est longue» et dont l'efficacité ne peut être jugée après seulement 4 mois de son lancement. «Le gouvernement œuvre à faire figurer la Tunisie, à moyen terme parmi, dans le premier tiers du classement des pays où la corruption est faible», a-t-il espéré. Chahed a assuré que son gouvernement est prêt à «coopérer avec tout ceux qui peuvent contribuer à la lutte contre la corruption», révélant que plusieurs députés ont déposé des dossiers sérieux de corruption qui ont été transmis à la justice. La plénière de l'ARP sur le dialogue avec le chef du gouvernement sur la lutte contre la corruption s'est poursuivie jeudi de 9h00 du matin à 23h30.