Depuis plus de trois jours, le feu dévore les forêts de Jendouba, provoquant une véritable catastrophe humaine et écologique. Depuis trois, des incendies ravagent les richesses naturelles de la région, démolissant au passage de nombreuses habitations de fortune. Humains et bétail sont menacés d'être brûlés vifs et plusieurs familles ont déjà été évacuées. Ainsi est donc l'existence à Jendouba pour certains: bloqués par la neige en hiver, ravagés par le feu en été. Pas moins de 15 foyers d'incendie ont été recensés à Jendouba en moins de 48 heures. Une véritable catastrophe dont on ignore actuellement les circonstances, située à la frontière tuniso-algérienne. D'origine criminelle ou pas, ce feu qui lamine les forêts et menace les populations locales et expose les villageois ainsi que tout l'écosystème environnant en danger immédiat. Une vingtaine d'habitations ont déjà été touchées et des familles évacuées. Un vent de panique souffle depuis sur Aïn Draham et ses environs et les citoyens assistent, impuissants, à la destruction de leurs terres natales. Les scènes montrant les villageois directement menacés par les incendies, fuyant, avec le peu qu'ils possèdent sur le dos, sont désolantes. Pire encore, plusieurs localités sont depuis plus de trois jours privées d'eau. Certes, la Protection Civile s'est activée dès le déclenchement de ces incendies mais l'accès difficile et le manque de moyens ont empêché une extinction rapide et efficace, malgré des efforts redoublés et une vigilance extrême. Une cellule de crise a été créée, sur les ordres du chef du gouvernement, composée de représentants des ministères de la Défense, de l'Intérieur, de la Santé, de l'Agriculture et de l'Equipement et de l'Habitat. Les ministres de la Défense nationale et de l'Intérieur ont été sommés de se rendre sur place dans les plus brefs délais pour superviser les opérations d'extinction. Par ailleurs, l'armée a été chargée de contribuer à ces opérations, notamment l'armée de l'air, par le biais de ses avions. Malgré tous les efforts déployés, l'inquiétante situation perdure et l'alerte est au maximum. Les autorités redoutent surtout les facteurs aggravants, à savoir le vent et une nouvelle hausse extrême des températures. Les incendies seront peut-être être maîtrisés dans les heures qui suivent. Oui, mais... Qu'adviendra-t-il de ces citoyens dont le feu a démoli les maisons et tué le bétail ? Qu'adviendra-t-il de cette région qui souffre, hiver comme été, de conditions météorologiques extrêmes ? Faut-il rappeler que, quasiment chaque année, à la même période, la neige recouvre de son manteau blanc les environs et provoque une panique générale car elle bloque les routes et bloque les accès ? Faut-il rappeler qu'en janvier dernier, Aïn Draham lançait un SOS car des centaines et des centaines de personnes, venues en vacances, étaient bloquées dans la région à cause de la neige et qu'il a fallu plusieurs jours pour débloquer la situation ? Pourquoi ce gouvernorat a-t-il toujours été, au fil des ans et des décennies, le cadet des soucis de tous les décideurs politiques et l'Etat se contente d'y jouer le rôle de pompier à chaque crise ? A quand de vraies réformes sociales et économiques en faveur de Jendouba ? A quand une Jendouba apaisée, prospère et tournée vers le futur, à l'abri du feu et de la glace ?