Après neuf campagnes de fouilles, l'utilisation de drones et le recours aux plongeurs, une équipe tunisienne et italienne retrouve la trace de la partie engloutie de la ville romaine antique de Néapolis à cinq mètres de fond... C'est depuis 2010 que des campagnes de fouilles successives sur le site antique de Néapolis ont permis de dégager la certitude d'une potentielle découverte majeure. En effet, selon les premières fouilles sur le site et les témoignages de nombreux plongeurs, il existerait à Nabeul, non loin du site de Néapolis, une ville engloutie par les eaux. Menées par des équipes d'archéologues tunisiens et italiens, les recherches récentes ont établi avec certitude l'emplacement et la nature de ces ruines englouties. Les campagnes de fouilles continuent en août En effet, à proximité du site du vieux port de Néapolis s'élevait la ville antique de la Colonia Julia Neapolis. Cette ville aurait subi un séisme d'une grande amplitude au milieu du quatrième siècle. En conséquence, un tiers de la cité se serait effondré dans la mer et repose depuis à quelques encablures du littoral. Il s'agirait ainsi d'un secteur entier de la ville qui repose en l'état, avec ses demeures et monuments et son découpage urbain selon les "cardos" et "decumanus", caractéristiques des artères des cités romaines. Cette campagne de fouilles qui vient de se dérouler en juillet a aussi révélé l'existence d'une centaine de bassins dans lesquels les Romains traitaient le "garum", un condiment à base de poisson macéré. Dans ces bassins, par ailleurs fort répandus en Tunisie, on laissait macérer le poisson avant de le saler et l'exporter vers la métropole romaine. Dirigées par Raimondo Zuccca et Mounir Fantar, les fouilles vont se poursuivre au mois d'août dans le cadre d'une dixième campagne parrainée par l'université Oristano en Sardaigne. Dans cette optique, les chercheurs tenteront de préciser l'emplacement du forum de la ville et mieux cerner les épigraphies présentes sur le site, parmi lesquelles des inscriptions sur des bronzes. La richesse du patrimoine antique du Cap Bon La cité engloutie est grande de vingt hectares. Avec une taille d'un kilomètre, elle s'étend sur deux cents mètres. Reposant à une profondeur de cinq mètres, cette cité comprend des îlots urbains selon le découpage classique des villes antiques. L'identification de cette cité engloutie a été rendue possible grâce à l'utilisation de drones qui ont permis aux chercheurs de mieux concentrer leurs fouilles. Pour information, l'existence de cette cité engloutie est connue depuis les années soixante lorsque des fouilles avaient été initiées sur le site de Néapolis. Cette cité a un passé punique et romain et a été fondée au cinquième siècle avant J.C. La cité romaine de soixante hectares dont une vingtaine sont sous la mer a été pour sa part fondée au premier siècle. Cette découverte est de nature à donner naissance à un site majeur en Tunisie, d'autant plus que l'antique Neapolis est considérée comme le plus important producteur de "garum" en Méditerranée et sur l'Atlantique. Cette découverte vient de nouveau souligner la richesse du patrimoine antique au Cap Bon et son extrême diversité.