La nouvelle saison du Centre des arts vivants de Radès sera plurielle. Avec ses nombreux ateliers, ses expositions, ses résidences et son musée, ce centre qui rayonne à partir de la banlieue sud de la capitale va ajouter plusieurs cordes à son arc. Cinéma, musiques et débats sont désormais au programme et viennent renforcer un travail fondamental basé sur l'éveil plastique des plus jeunes... Le programme de rentrée du Centre des Arts vivants de Radés (CAVR) a été présenté vendredi dernier dans le cadre d'une rencontre de presse qui a aussi englobé une rétrospective des activités de cet espace culturel fondé par Abdallah et Safia Farhat en 1982. De plus, la présentation des différents ateliers et des missions du CAVR était également à l'ordre du jour. Très apprécié dans la banlieue sud de Tunis, ce centre rayonne sur toute la capitale et déploie aussi ses activités à l'échelle nationale et internationale. Ainsi, le CAVR participera par exemple, du 28 septembre au 2 octobre, au Salon de l'art contemporain de Barcelone. De même, cet espace accueille en résidence chaque année trois artistes qui y installent leur atelier pendant une année. Pour ces artistes, dont certains viennent de l'étranger, les résidences commencent en novembre et s'achèvent en septembre avec une exposition réalisée à partir des travaux réalisés au sein du centre. Depuis l'ouverture du centre en 1982, 90 artistes de tous profils ont participé à ces résidences qui sont assorties d'une bourse et d'un appui logistique. L'essentielle figure tutélaire de Safia Farhat Ce rayonnement du CAVR va connaître un nouveau souffle en cette nouvelle saison culturelle. En effet, un calendrier d'activités est actuellement mis en place qui impliquera de nombreux rendez-vous. Ainsi, le CAVR s'ouvre plus largement à la musique avec la participation de l'Orchestre tunisien des jeunes qui s'y produira en février prochain alors que le groupe Andaladino sera à l'honneur pour le mois de novembre. Cette formation attachante marie plusieurs traditions en s'appuyant sur le luth, les percussions, la basse et la clarinette. C'est toutefois le cinéma qui ouvrira la saison du CAVR avec l'organisation de cycles mensuels dans le cadre du "Ciné Musée". Au programme, la projection du film que Hichem Ben Ammar vient de consacrer à M'hamed Chenik. De même, une vingtaine d'artistes devraient exposer prochainement leurs oeuvres autour du thème "Histoire(s)", avec toute la latitude pour leurs approches et les techniques qu'ils choisiront. Cette grande exposition collective sera suivie d'un autre événement qui prendra la forme d'une exposition de tissages à partir de dessins d'enfants réalisés dans les ateliers du CAVR. Cette exposition soulignera les synergies qui existent entre les différents espaces du centre et notamment entre les ateliers d'éveil artistique destinés aux enfants et l'atelier de tissage qui constitue la colonne vertébrale des activités du centre. En effet, le tissage a une place à part au CAVR et cette centralité est due à l'oeuvre de Safia Farhat, fil rouge de l'exposition permanente du musée. Travaillant sur le patrimoine vivant, la co-fondatrice du CAVR a aussi réalisé de nombreuses tapisseries disséminées dans plusieurs espaces. Safia Farhat (1924-2003) est ainsi honorée par cette continuité aussi bien muséale que créative. Celle qui fut l'emblématique directrice de l'Ecole des Beaux-Arts et l'infatigable animatrice de la revue "Faiza" demeure ainsi la référence tutélaire de ce centre dirigé par Aicha Filali. En ce sens, le musée Safia Farhat, qui bouclera bientôt sa première année d'existence au sein du centre, tend à devenir le vecteur des animations culturelles du CAVR. C'est au sein du musée que musique, cinéma et expositions seront à l'honneur, avec aussi une touche conviviale dans le cadre de causeries, rencontres poétiques et débats qui seront accueillis à stéréotypes rompus. Ces animations au musée seront ainsi une manière de dynamiser l'espace et attirer vers l'exposition permanente de nouveaux visiteurs. Sur l'autre versant des activités du centre, ce sont par ailleurs de nombreux ateliers qui structurent une action de formation et un travail de proximité qui comptent parmi les missions de ce centre. Renouveau, curiosité et interdisciplinarité La formation et l'éveil des jeunes à la vie artistique sont un souci permanent de l'équipe du CAVR. Pour Aicha Filali, elle-même artiste, ce sont les apprentissages qui forment le socle du déploiement du centre qui offre à son public de nombreux ateliers. Si les plus connus des ateliers ont pour matrice la gravure, le tissage et la céramique, plusieurs autres espaces sont ouverts et proposent des initiations et des approfondissements dans le domaine de la photo, du yoga ou du tango et surtout dans celui de l'éveil artistique des 5-12 ans. Dans la vie du centre, cette activité est fondamentale car elle est celle qui opère les transmissions et déniche les talents. Promouvoir une culture artistique devient ainsi un enjeu crucial et un labeur au quotidien pour les animateurs du centre qui sont tous des ténors reconnus dans leur domaine. On peut ainsi arriver à Radès avec un projet de formation artistique et le développer au cours de plusieurs années en parallèle avec l'école. Ces pensionnaires du CAVR sont d'une grande importance car ils apprennent à maîtriser les langages artistiques et picturaux tout en baignant dans un environnement de qualité. Rien que cette activité donne toute sa substance au centre qui devient un tremplin de choix et un exemple aussi pour les maisons de la culture du secteur public qui, en général, ont tourné le dos à l'apprentissage artistique, pour s'égarer dans des méandres dont il sera difficile de s'extirper. Former les plus jeunes est donc un credo au CAVR, confier cette formation à des artistes de premier plan est ensuite un devoir d'excellence. De plus, lorsque le suivi des progrès se déroule sur plusieurs années, la qualité ne peut qu'être au rendez-vous avec la naissance de talents en herbe qui ne pourront que se bonifier. C'est dans cette ambiance choisie et sous le patronage tutélaire de la légendaire Safia Farhat que le CAVR grandit et apporte de l'eau au moulin de la culture. En outre, Radés peut s'enorgueillir d'accueillir ce centre qui offre d'éminents services culturels à toute la banlieue sud et bien au-delà. Une nouvelle saison s'ouvre pour cet espace qui va en se renforçant au point de constituer un pôle d'attraction majeur dans la banlieue sud de la capitale. Une saison placée sous le signe du renouveau, la curiosité et l'interdisciplinarité.