Dans les prochains jours, la banlieue nord de Tunis accueille plusieurs grandes manifestations culturelles qui confirment le rayonnement de cette région du Grand Tunis. En attendant "Mûsiqât" et l'Octobre musical, l'offre culturelle est des plus variées avec aussi bien du street-art, des journées du cinéma italien que des expositions d'art contemporain... Que deviendrait la vie culturelle et artistique sans la banlieue nord de Tunis devenue l'épicentre culturel de référence au niveau national? C'est en effet dans cette région du Grand Tunis que se concentrent les activités culturelles au risque de voir apparaitre un désert culturel ailleurs. De plus, le centre-ville de Tunis, jadis au coeur de la vie culturelle, semble complètement essoufflé avec ça et là quelques lueurs dans la médina historique où de nombreux artistes se sont récemment installés. Pour la banlieue sud, de rares initiatives sont à noter mais, hormis Dar Bouassida à Radès, elles ne parviennent pas à dépasser le mur d'une notoriété de proximité. Le coeur culturel de la capitale n'est plus au centre-ville Contrairement à ces difficultés, la banlieue nord semble avoir le vent en poupe et les initiatives culturelles s'y multiplient et prennent les formes les plus diverses. Du Kram avec le Ciné Vog à la Soukra avec de nombreuses galeries, de Carthage avec Mad'Art à Gammarth avec l'espace Sadika, l'action culturelle en banlieue nord se déploie aussi bien à La Marsa que Sidi Bou Saïd. Si une prédominance des galeries d'art est aisément perceptible, une nouvelle tendance est en cours avec d'une part la confirmation de la présence des libraires et d'autre part, la naissance de nouveaux espaces à l'image du centre culturel international de Carthage. Seule la localité de la Goulette ne semble pas pour le moment avoir emboité le pas aux autres gros villages de la banlieue nord. On y annonce toutefois la restauration du fort de la Goulette qui devrait prochainement abriter un musée de la céramique et un centre culturel. Chaque semaine, de nombreux événements culturels se déroulent en banlieue nord et cette activité est des plus perceptibles en ce début de saison culturelle. En effet, dans l'attente des grandes manifestations que sont "Mûsiqât" et l'Octobre musical, la galerie Saladin organise une rétrospective Zoubeir Turki, le Centre des musiques arabes et méditerranéennes une résidence artistique tuniso-européenne alors que plusieurs autres manifestations se déroulent un peu partout. En ce sens, les prochaines semaines devraient être des plus animées avec de nombreux événements, à commencer par la performance de street-art d'El Seed, les Journées du cinéma italien au Ciné-Vog et la très attendue exposition de Haythem Zakaria à la galerie Aicha Gorgi. Street-art, "Ruthmos" et cinéma italien Cette fin de semaine a été marquée à la Marsa par l'oeuvre réalisée par l'artiste graphique El Seed en plein coeur de la ville. C'est un tout un mur aveugle que l'artiste a fait renaitre avec ses couleurs luxuriantes et ses motifs mystérieux. A l'initiative du groupe Action citoyenne Marsa Corniche, l'artiste a en effet travaillé sur le mur de l'immeuble de l'Association générale des Insuffisants moteurs (AGIM). L'oeuvre d'El Seed née en deux jours a complètement relooké la façade du siège de cette association et posé la présence de l'art dans la ville. Véritable fresque urbaine, l'oeuvre d'El Seed est un exemple à méditer de ce partenariat fécond qui pourrait lier associations culturelles, société civile et artistes. Cette belle initiative devrait à notre sens faire des émules et souligner davantage encore la vitalité du street-art dans les villes tunisiennes. Toujours dans le domaine des arts, la galerie Aicha Gorgi d'art contemporain accueillera à partir du 29 septembre une exposition de Haythem Zakaria, un artiste révélé ces dernières années et qui semble confirmer la singularité de sa démarche. Intitulée "Ruthmos", sa nouvelle collection poursuit une recherche très pointue, "un cheminement long, minutieux et rigoureux" vers la mémoire primordiale. Cette exposition se poursuivra jusqu'au 23 octobre. Enfin, le Ciné-Vog proposera du 6 au 9 octobre des Journées du cinéma italien en partenariat avec l'Institut culturel italien. Durant quatre journées, des oeuvres récentes seront proposées au public avec aussi bien des longs que des courts métrages et des documentaires. Toutes les oeuvres, sur lesquelles nous reviendrons, seront projetées en version originale italienne sous-titrée en français. A suivre donc, tout comme le mouvement d'ensemble qui porte en ce moment la banlieue nord dans le vaste domaine culturel.