Le débat sur la surcharge des classes revient avec acuité chaque année. Pour cause, et contrairement aux vœux de tous, les élèves auront à s'entasser dans des classes d'une quarantaine d'écoliers et plus, parfois, alors que ces classes ne peuvent accueillir que 32 élèves, au maximum. Une capacité qui dépasse les normes et certains enseignants sont sidérés de constater que leur mission ne sera pas si simple. Pour cause, la surcharge dans des classes continue à constituer ce phénomène tant combattu mais sans la possibilité d'y mettre un terme, sinon tout au moins l'atténuer ne serait-ce qu'un tant soit peu. Dans certaines écoles, les classes sont bourrées d'élèves. Des dizaines d'enseignants ayant pris leurs fonctions se sont rendu compte qu'ils auront à suer en enseignant quotidiennement à 40 ou 42 élèves par classe. En attendant des jours meilleurs, les enfants scolarisés sont appelés à s'entasser en classe et tout en rendant difficile la tâche de leurs enseignants. Dans les pays de l'OCDE, le nombre d'élèves par classe dans l'enseignement primaire est en moyenne de 22, avec d'importantes variations d'un pays à l'autre. L'Estonie, la République slovaque et la Slovénie, ont des effectifs moyens par classe inférieurs à 19.En outre, le Mexique et la République tchèque comptent un effectif moyen inférieur à 20, soit 19.9 selon les chiffres officiels. Ce chiffre est de 18.7 pour la Pologne, 20.2 pour le Portugal, 25 pour le Brésil, 25.6 pour la Turquie et 16 pour le Luxembourg. Déconcentration de l'élève et de l'enseignant Il est vrai que les classes surchargées posent problème pour les élèves eux-mêmes. Dans une classe bondée d'élèves, la concentration diminue ce qui influe sur leur encadrement et leur formation. Une étude de l'Institut de l'éducation de Londres a révélé que «les élèves les moins doués sont ceux qui souffrent le plus du manque d'encadrement individuel consécutif à la surcharge des effectifs. Ajouter cinq élèves dans une classe augmente de 40% le nombre d'élèves dont les résultats vont baisser de manière conséquente. L'augmentation de l'effectif par classe rend la tâche de l'enseignant difficile. Une classe surchargée, avec un programme surchargé pourra-t-elle assumer ses obligations? Plusieurs études ont démontré de manière indiscutable qu'un petit effectif est favorable à l'apprentissage. L'effectif par classe dans nos établissements scolaires, est un paramètre incontournable, parmi plusieurs autres, pour un enseignement de qualité. Héla enseignante estime qu'une «classe surchargée aura un impact négatif sur l'apprentissage, notamment la démotivation de l'élève et de l'enseignant, la fraude, l'indiscipline, la crise de nerf de l'enseignant, les châtiments corporels, la violence.... La réduction de la taille d'une classe est une condition nécessaire pour mettre en œuvre une pédagogie plus ou moins différenciée, elle est de surcroit, suffisante pour avoir un enseignement de qualité répondant aux attentes du corps enseignant». Mohamed Ali, enseignant souligne que «l'administration de l'école est obligée parfois de remplir des classes alors que d'autres sont à moitié vides pour, simplement, répondre aux exigences des parents qui veulent que leur fils ou fille soient avec un tel instituteur ou institutrice. Il en résulte cette surcharge» Samia jeune enseignante le confirme : «Au-delà de 30 élèves, cela devient compliqué, sauf dans une classe avec un bon niveau. Cela demande beaucoup plus d'énergie et d'autorité car il est de moins en moins évident de passionner les élèves.» Amel, estime que l'idéal au primaire serait des classes de 24 élèves maximum. « En primaire, une classe surchargée de 35, voire 42 élèves est un enfer ! On est obligé de leur demander une plus grande attention. C'est très compliqué». En cas de classe surchargée, les enseignants doivent donc composer et s'adapter. «Dans un groupe plus restreint, il est possible d'avoir plus de flexibilité. Dans une classe surchargée, il vaut mieux être bon élève ! Un élève en difficulté a plus de risque de couler, car l'enseignant, débordé, ne pourra pas toujours lui consacrer assez de temps». Qu'y-a-t-il alors à espérer dans une classe surchargée, avec un programme surchargé et un enseignant dépourvu de divers moyens pour assumer ses obligations? La réduction de la taille d'une classe est une condition nécessaire pour mettre en œuvre une bonne pédagogie et avoir un enseignement de qualité répondant aux attentes des élèves. La qualité de la relation entre l'élève et l'enseignant est meilleure dans les petits groupes, le soutien individuel aussi. 22 èlèves par classe, c'est l'idéal. Mais faut-il construire d'autres classes et d'autres écoles?