L'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a repris, hier, ses activités avec le démarrage de la nouvelle session parlementaire 2017-2018. Une reprise qui survient après une session extraordinaire tendue ayant eu lieu en début du mois dernier. Depuis son avènement, l'ARP n'a jamais connu de si grandes tensions que celle vécue lors de la plénière dédiée au vote du projet de loi sur la réconciliation administrative. Une séance de vote où les députés des blocs de l'opposition ont opté pour des formes très bruyantes pour exprimer leur mécontentement de la loi en question. Des tapages, des hurlements et même des tentatives de blocage ont eu lieu à l'intérieur du Parlement et, à l'extérieur, des jeunes et des moins jeunes s'étaient regroupés pour protester contre le vote de la loi. Les scènes de violence physique (en dehors de l'ARP) et verbale ont fait la Une de tous les journaux et plusieurs acteurs politiques les ont commenté. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait accusé les députés de l'opposition d'irresponsabilité tandis que le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a assuré que l'incident lui a rappelé les événements chaotiques menés par les étudiants dans les années 70. De son côté, le président du Parlement, Mohamed Ennaceur, avait parlé de la rédaction d'un nouveau Code de déontologie afin que les événements du 13 septembre ne se reproduisissent plus jamais. Code ou pas Code, cette nouvelle session parlementaire ne sera pas moins tendue que celles qui l'ont précédée. Code des collectivités locales, élection du président de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), projet de loi de Finances 2018 (PLF) et tant d'autres lois qui attendent d'être examinées dans la plus grande précarité jamais connue auparavant. Alors que le PLF 2018 attend d'être examiné, vendredi prochain, par le Conseil ministériel, plusieurs de ses articles commencent déjà à être contestés par différents secteurs. Avocats, ingénieurs, experts comptables, médecins, pharmaciens et ouvriers appréhendent ce texte dont les premières parties qui ont été dévoilées au grand public annoncent une série de mesures ‘‘douloureuses''. Du côté des élus, la situation ne risque pas d'être très différente et il suffit de faire un petit flash back sur le vote du PLF 2017 pour le comprendre. A l'époque, plusieurs députés avaient rejoint les représentants de leurs corporations (avocats, médecins, pharmaciens et autres) dans leurs contestations ce qui avait obligé le gouvernement de Youssef Chahed à céder sur plusieurs points avancés. Cette année, aucun indice ne laisse penser que les prises de position de l'année dernière vont évoluer. Bien au contraire, cette année, l'atmosphère risque d'être encore plus chargée parce que, entre-temps, le paysage parlementaire a bien changé avec des blocs qui ont vu le jour et d'autres qui agonisent. L'autre élément perturbateur, sont les élections législatives partielles qui se tiendront, prochainement, en Allemagne. Si ces élections venaient à propulser le directeur-exécutif du mouvement de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi, au poste de député, quelques élus en profiteraient pour n'en faire qu'une bouchée. Si Caïd Essebsi junior décrochait réellement ce siège, on pourrait dire adieu à toute forme de civisme au sein de notre prestigieux Parlement.