Souvent confinés dans la précarité et le déni de reconnaissance, les artistes africains cherchent désormais les moyens d'inverser cette tendance et pourraient s'inspirer de l'expérience de la Mutuelle des Artistes tunisiens pour de nouveaux progrès. Une journée d'études devrait défricher cette épineuse situation des artistes demain à l'initiative de plusieurs associations tunisiennes placées dans une dynamique panafricaine... Nouvellement créée après un long parcours du combattant, la Mutuelle des Artistes tunisiens participe aux Journées cinématographiques de Carthage avec plusieurs initiatives dont la plus remarquable est l'organisation d'une journée d'études et de réflexion sur le statut de l'artiste en Afrique. Cette journée aura lieu demain à 10h au Tunisia Palace en présence de nombreux participants aux JCC 2017. Quel statut pour les artistes du continent? "Etre artiste en Afrique" est le thème choisi pour cette rencontre qui rassemble plusieurs partenaires et porte une dimension panafricaine. En effet, la Mutuelle est accompagnée dans sa démarche par la Cinémathèque tunisienne, l'Association des réalisateurs de films tunisiens et l'Association des cinéastes tunisiens indépendants. Cette synergie entre plusieurs organisations est de nature à consolider cette initiative et l'inscrire dans une dynamique africaine dont l'objectif serait de créer les conditions de fondation d'autres mutuelles réunissant les artistes. Dans cet esprit, la journée sera structurée en deux volets distincts, le premier ouvrant des perspectives sur la situation des artistes en Afrique et le second apportant des éclairages sur la démarche tunisienne dans ce domaine. La rencontre sera ouverte par Mounir Baaziz, président de la Mutuelle des Artistes tunisiens qui présentera cette nouvelle association et précisera ses objectifs, tout en posant les problématiques relatives au débat qui se tiendra samedi. La première séance sera ensuite consacrée à deux interventions. Ainsi, Cheikh Omar Sissoko traitera de la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI) en regard avec la situation des artistes. Ensuite, Félicité Wouassi évoquera le statut d'artiste en Afrique en louant la persévérance des porteurs de projets dans un contexte souvent difficile. Un vaste partenariat associatif pour ouvrir un débat d'avenir La deuxième session de la table-ronde sera engagée par une communication de Abdelmajid Jellouli qui parlera de l'exemple tunisien en matière de statut des artistes. Il sera relayé par Mohamed Challouf qui parlera sur le thème "Vivre et mourir pour son art en Afrique". Un débat sera ensuite ouvert et devrait permettre d'évaluer les réalités et perspectives de la situation des artistes africains qui, souvent, vivent dans la précarité. En effet, aussi bien en Afrique subsaharienne que dans le Maghreb, les artistes peinent souvent à joindre les deux bouts ou envisager des projets artistiques dans la durée. Ces questions seront certainement abordées au cours des discussions et cela sera probablement de nature à permettre le défrichage de pistes pour une meilleure situation matérielle des artistes en Afrique. De même, la question du statut de l'artiste dans sa dimension morale sera elle aussi posée. La reconnaissance du statut d'artiste est en effet souvent bancale et voit souvent les créateurs au mieux comme des amateurs qui ne sauraient vivre de leur art et au pire comme des oisifs. L'artiste africain peine ainsi à conquérir son statut et demeure souvent marginal dans sa société. Cette malédiction continuera-t-elle à peser sur les créateurs? La démarche de la Mutuelle et ses ambitions vont-elles contribuer à inverser cette malheureuse tendance? Autant de questions qui trouveront un début de réponse, à l'occasion de cette table-ronde.