Qu'est-ce qu'un débat budgétaire pour l'exercice à venir ? C'est d'abord une évaluation exhaustive, précise, franche de ce qui a été fait, au niveau gouvernemental, et dans tous les secteurs. Mais cela représente (et surtout) les balises, les indicateurs qui aiguillonneront l'exercice à venir. Les comptes de l'Etat y sont estimés et comptabilisés jusqu'au dernier centime. Mais un débat budgétaire n'est pas uniquement un exercice de comptabilité analytique. L'hémicycle devient, en effet, « cour » solennelle dans laquelle les gouvernants rendent compte à leurs électeurs, les représentants de la Nation. Si dans la dialectique gouvernants/gouvernés, la démocratie prend, tout au long de l'année, certaines connotations et épouse certaines ambivalences – « démocratie gouvernée » ; « démocratie consentante » - comme l'enseigne si bien le grand publiciste Georges Burdeau, c'est lors du face à face : gouvernement/Chambre des députés, que devrait normalement s'exprimer une « démocratie réellement participative ». Dans les coulisses, les députés eux-mêmes – et bon nombre d'entre eux, représentant le RCD – déplorent le discours cousu de dentelle si ce n'est de fil blanc par les représentants de l'opposition. Non que l'opposition doive camper dans la « négation systématique » : elle ne jouerait pas son rôle et n'assumerait pas sa dialectique. Mais, pour le bien du processus démocratique, elle serait inspirée d'être moins complaisante.