Trois semaines après une grève très suivie, le ras-le-bol des enseignants du supérieur est monté d'un cran. La Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS), qui rassemble les diverses catégories d'enseignants et de chercheurs, a annoncé, hier, la tenue d'une réunion de sa commission administrative le 7 janvier pour programmer des actions de protestation contre le refus du ministère de tutelle de satisfaire les revendications des universitaires en dépit des multiples accords signés avec la partie syndicale. «Le ministère continue de faire la sourde oreille face aux revendications des enseignants à telle enseigne qu'aucune réunion de conciliation n'a été tenue avant la grève du 7 décembre comme le préconisent les traditions bien établies du dialogue social », s'offusque Houcine Boujarra, secrétaire général de la fédération rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Et d'ajouter : «les responsables du ministère déclarent à tout bout de champ avoir déjà satisfait l'écrasante majorité des revendications des enseignants, ce qui constitue une tromperie». M. Boujarra a également précisé que la prochaine réunion de la commission administrative de la fédération pourrait lancer un nouveau mot d'ordre de grève pour répondre à cette «tromperie » et aux «provocations» du ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Slim Khalbous. Ce dernier a déclaré que le ministère «a invité la fédération à une séance de conciliation avant la grève du 7 décembre contrairement aux allégations des syndicalistes». Il a également indiqué que le préavis de grève lancé par la partie syndicale comprend plusieurs revendications ayant des répercussions financières et qui n'ont jamais été évoquées auparavant lors des négociations avec le ministère. M. Khalbous a aussi suscité le courroux des syndicalistes en déclarant que «ceux qui ont boycotté les assises nationales de mise en œuvre de la réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique tenues les 1er et 2 à Hammamet représentent la catégorie faible», en allusion à la partie syndicale. La FGESRS avait déjà annoncé que les enseignants vont boycotter l'encadrement des projets de fin d'études (PFE) et la soutenance des thèses de doctorat à compter de janvier 2018. Du côté du ministère on assure que le dialogue n'a jamais été rompu avec la FGESRS, révélant qu'une réunion devrait se tenir début janvier entre les deux parties. «La satisfaction de certaines revendications ayant un impact financier n'est pas du ressort du ministère. C'est la présidence du gouvernement qui tranche sur ce genre de revendications », souligne une source autorisée au ministère. La FGESRS et le ministère avaient signé en juillet et en octobre derniers des accords qui n'ont jamais été appliqués. Ces accords prévoient notamment la publication de décrets relatifs aux indemnités des professeurs agrégés dans le journal officiel de la république tunisienne (JORT) et d'une nouvelle grille d'honoraires relative à l'encadrement des projets de fin d'études (PFE). Les accords concernent aussi le versement des indemnités de coordination pédagogique, de la rentrée universitaires et d'encouragement des enseignants ayant accepté de travailler dans les établissements d'enseignement supérieur situés dans les régions intérieures. Ils prévoient, d'autre part, la généralisation des congés de recherche rémunérés pour qu'ils englobent les agrégés et les technologues ainsi que l'assouplissement des conditions de mise en place de structures de recherche dans les universités et les instituts supérieurs des études technologiques situés dans les régions intérieures. La FGESRS réclame, par ailleurs, des majorations salariales identiques à celles accordées récemment aux magistrats, l'augmentation de l'indemnité relative à l'encadrement pédagogique, l'octroi de bourses universitaires aux descendants des enseignants et la mise en place de la mutuelle des universitaires.