L'UGTT s'est rendu compte que les mesures fiscales prises dans le cadre de la loi de finances 2018 n'est pas de nature à servir qui que ce soit, ni le pays et ni les hommes d'affaires ou la classe laborieuse, en raison des retombées sur tous les secteurs d'activité, avec des hausses de prix vertigineuses pour tous les produits et services, hors « produits de base compensés » qui ne font pas la joie de la classe moyenne et,surtout des pauvres. Autres temps, autres mœurs, comme l'a affirmé un expert économique qui était l'invité d'une émission de la chaîne TV nationale et qui a expliqué que la classification des produits dits de base date de 1932 et que les besoins actuels sont, totalement, différents, parce que le citoyen a, aussi, besoin de consommer de la viande rouge ou blanche, et qu'on ne peut pas l'empêcher de penser à acheter « un petit gâteau mille-feuilles », au moins. Face à cette situation et reconnaissant son erreur en ayant soutenu, ou du moins en laissant passer cette loi de finances, surtout en tant que signataire du Document de Carthage, l'Union générale tunisienne du travail (UGGT) commence à prendre du recul. Ainsi, son bureau exécutif a estimé que les mesures prises par le gouvernement ont entraîné une forte hausse des prix de plusieurs produits de consommation quotidienne et prédit comme corolaire un renchérissement du taux d'inflation, une détérioration du pouvoir d'achat des Tunisiens et une amplification des disparités sociales. Dans un communiqué rendu public mercredi, le bureau exécutif a fustigé ces hausses, affirmant qu'elles sont "l'aboutissement inéluctable des réserves formulées par l'UGTT sur l'augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée dans le budget de 2018 en tant que solution de facilité choisie par le gouvernement pour combler le déficit budgétaire aux dépens des consommateurs et essentiellement des salariés". Il a qualifié l'augmentation des prix avant la révision du système de compensation d'"approfondissement de l'injustice sociale et de frein à la consommation en tant qu'un des principaux moteurs de relance de la croissance en Tunisie à la lumière du ralentissement des investissements". La centrale syndicale a estimé d'autre part que la hausse des prix de nombreux produits est "artificielle et frauduleuses" telle la hausse du prix du sucre, appelant le gouvernement à honorer ses engagements et s'abstenant de relever les prix des produits de première nécessité conformément à l'accord avec l'UGTT. Elle a renouvelé sa demande de révision du système de compensation, en assurant que ses vrais destinataires en soient les premiers bénéficiaires et en restructurant le marché avec la lutte contre le monopole, la spéculation et la contrebande, tout en réorganisant les circuits de distribution et prévoyant un rôle de régulation de l'Etat. Le bureau exécutif a fait assumer au gouvernement la responsabilité des "mesures non sociales" prises au détriment des salariés, des démunis et des sans ressources, l'invitant à procéder à des compensations en faveur de ces couches sociales. Il a mis en garde également contre les politiques ultralibérales, réaffirmant la nécessité de garantir la souveraineté de la décision nationale, pour l'intérêt général du pays et afin de répondre aux attentes du peuple et assurer ses besoins sociaux. Malheureusement, les jeux sont faits et tout recul est, pratiquement, impensable pour un gouvernement qui a pu, grâce à des alliances contre nature, à l'ARP où la loi de finances et le budget de l'Etat n'ont pu passer qu'avec la nouvelle alliance composée de Nidaa Tounès, Ennahdha et l'Union patriotique libre de Slim Riahi qui a démissionné, on ne sait pas, encore, pour quelle raison.