Ouverte aux créateurs, aux penseurs et aux chercheurs français, la Villa Salammbô vient de voir le jour en banlieue nord de Tunis et sera opérationnelle dans quelques semaines. Née à l'initiative de l'Institut français de Tunisie, cette initiative devrait établir de nouvelles proximités culturelles et appuyer les créateurs de l'Hexagone intéressés par une expérience tunisienne... Un nouveau programme de résidences artistiques vient de voir le jour et devrait être un vecteur supplémentaire dans le rapprochement culturel entre la France et la Tunisie. Créé à l'initiative de l'Institut français, ce programme sera adossé à une demeure de tous les arts qui portera le nom de Villa Salammbô. Cet espace sera situé en banlieue nord de Tunis et accueillera prochainement artistes, penseurs et écrivains. Un lointain souvenir de Gustave Flaubert Le nom de cette villa n'est pas sans évoquer la figure tutélaire de Gustave Flaubert, auteur du mythique roman historique "Salammbô". Pour écrire ce livre, Flaubert s'était déplacé en Tunisie en 1858 et avait réuni une impressionnante documentation. Prenant des notes, s'imprégnant de l'histoire de Carthage, arpentant les sites antiques, Flaubert aura en quelque sorte montré le chemin du voyage en Tunisie, initié un demi-siècle plus tôt par le grand Chateaubriand. Ce dernier, en 1807, avait également séjourné en Tunisie pour les besoins d'un ouvrage et aussi pour retrouver la majesté de Carthage, glorieuse par l'histoire mais effacée de l'imaginaire de l'époque. Chateaubriand restera plusieurs semaines à Tunis et visitera le site de Carthage pour se replonger dans la légende de la cité punique, métropole du sud de la Méditerranée. Ce grand écrivain remettra d'ailleurs Carthage au coeur de l'actualité en lui consacrant plusieurs pages de son "Itinéraire de Paris à Jérusalem". Depuis, que de grands noms de la littérature française fouleront le sol de la Tunisie, leurs rêves en bandoulière et la mémoire de Carthage chevillée à leur oeuvre à venir. Dès lors, le nom de cette résidence artistique qui revient vers Salammbô résonne comme un vœu de continuité et charrie aussi un parfum de découverte et de partage. On ne pouvait trouver meilleur nom pour cette résidence qui, placée sous le patronage de l'emblématique Flaubert, convoque les racines et se déploie dans le contemporain pluriel. En effet, cette résidence proposera de véritables immersions à celles et ceux qui la peupleront et la choisiront comme socle pour leur expérience culturelle tunisienne. Ouverte aux créateurs, penseurs et chercheurs français ou domiciliés en France, la Villa Salammbô accueillera aussi des artistes vivant sur le continent africain (à l'exclusion de la Tunisie). Une demeure conviviale et ouverte à tous les arts Résolument ouverte, la Villa Salammbô accueillera les porteurs de projets dans toutes les disciplines artistiques. En effet, la littérature et les sciences sociales seront à l'honneur aux côtés des arts de la scène et du cinéma. De plus, les productions digitales, les arts numériques et les arts visuels seront aussi les bienvenus. La Villa accueillera toutes voiles déployées puisque la photo, l'architecture, le design et la scénographie y seront des disciplines bien présentes tout comme la musique de création qui y trouvera un havre propice. Selon le projet de l'Institut français, chaque candidat devra présenter et mener un projet de création ou de commissariat d'exposition favorisant la collaboration avec des partenaires tunisiens. Les candidatures seront reçues par l'Institut français jusqu'à la date du 15 février. Ensuite, les candidats retenus pourront séjourner de un à trois mois dans cette villa et y bénéficier d'espaces de travail et aussi d'une allocation conséquente qui peut atteindre les mille euros mensuels. Toutes les facilités sont donc a priori offertes aux créateurs pour développer leurs projets et tisser des partenariats créatifs avec des homologues tunisiens. Il est clair que cette Villa Salammbô devrait bientôt jouer le rôle d'une pépinière artistique et celui d'une couveuse de projets de création. La création de cette nouvelle résidence de recherche et création artistique est un bon point à mettre à l'actif de l'Institut français qui, avec cette institution encore en gestation, trouvera certainement les clés adéquates pour renforcer les liens culturels à la source des arts et des complicités créatrices. De bon augure au seuil d'une année placée sous le signe de l'amitié tuniso-française!