L'Union des professeurs universitaires chercheurs tunisiens (Ijaba) a annoncé, dans un communiqué rendu public hier, le maintien de la grève administrative ouverte qu'elle a déclenché dans toutes les universités durant la session principale des examens. «Ijaba assure que la séance de dialogue tenue mercredi avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique constitue le premier fruit de notre grève qui n'a jusqu'ici réalisé aucun de ses objectifs. Au regard de cette situation, nous maintenons ce mouvement tant qu'il n'y a pas d'acquis concrets», a précisé ce syndicat indépendant. «Nous appelons les conseils scientifiques à ne pas présenter de nouveaux calendriers des examens », a-t-il ajouté, indiquant que la grève ne sera suspendue qu'en cas de satisfaction des principales revendications des universitaires. Dans un autre communiqué publié mercredi, le syndicat a rappelé que la principale revendication demeure le respect de la grille des salaires en vigueur dans le domaine de la fonction publique, indiquant que la revalorisation réclamée des salaires des enseignants ne peut pas se faire lors du prochain round des négociations sociales dans le secteur public, mais à travers un décret qui émane de la présidence de la République et qui énonce la nécessité d'instaurer la justice dans la fonction publique. Selon ce même communiqué «le ministère a reconnu la légitimité des revendications des professeurs universitaires et la légalité de la grève qu'ils avaient observée. » Le syndicat Ijaba a, par ailleurs, qualifié de «très positive» la séance de dialogue tenue mercredi, indiquant qu'elle a contribué à apaiser la tension entre la structure syndicale et le ministère. Selon le communiqué, le ministère et le syndicat ont convenu de tenir d'autres séances de dialogue. Le recours à la grève administrative ouverte est motivé par la «dégradation continue des conditions matérielles et morales » des universitaires et un manque de réactivité total du ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Selon l'Union des professeurs universitaires chercheurs tunisiens, dont les positions et les revendications ne sont pas soutenues par la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS) rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), la situation matérielle des enseignants chercheurs ne cesse de se détériorer depuis la fin des années 90. Durant les vingt dernières années, les augmentations salariales dont ils ont bénéficié étaient «mal étudiées et dérisoires comparativement au renchérissement du coût de la vie, alors que de nouvelles taxes et de nouveaux impôts sont venus alourdir nos charges». Le syndicat, qui fait état d'une «situation désastreuse au sein de l'Université », précise dans ce même ordre d'idées que la condition matérielle déplorable des universitaires chercheurs est en train de provoquer une fuite des cerveaux et de contribuer ainsi au flux grandissant de migration des universitaires à l'étranger. L'Union des professeurs universitaires chercheurs tunisiens réclame, d'autre part, l'ouverture d'un concours de recrutement et de promotion et le lancement de réformes sérieuses et profondes de l'enseignement supérieur en faisant participer les enseignants à ce processus. Pour tenter d'amener le ministère de l'Enseignement supérieur à répondre positivement à ses revendications, l'Union avait organisé plusieurs activités revendicatives, dont des rassemblements de protestation, une grève d'une journée en février 2017 et une grève de deux jours en avril.