Mercredi 6 février 2013, le secrétaire-général du Parti unifié des patriotes démocrates (Watad), Chokri Belaïd, a été assassiné en sortant de chez lui aux alentours de 8 heures du matin. Hamadi Jebali, chef du gouvernement de l'époque, n'avait pas tenu le choc et a présenté la démission de son gouvernement suite à cet assassinat. Deux jours plus tard, le 8 février, plus d'un million de Tunisiens avaient accompagné Chokri Belaïd au cimetière du Djellaz et la solennité de l'instant n'avait pas empêché certains casseurs de semer le chaos dans les environs du cimetière où plusieurs voitures ont été brûlées. Le 25 avril 2013, le comité Initiative pour la Recherche de la Vérité sur l'Assassinat de Chokri Belaïd (IRVA) a été officiellement mis en place par Basma Khalfaoui, Taïeb Laâguili, Naziha Rejiba, Kamel Jendoubi, Leila Toubal, Kamel Laâbidi et Ghazi Gherairi. L'IRVA a tenté, pendant les mois de son action, de répondre à l'ultime question, qui a tué Chokri Belaïd ? Une question qui continue de tourmenter les Tunisiens et ce malgré les quelques avancées de l'affaire. Des procès reportés puis tenus, des accusés arrêtés et en cours de jugement et des convocations des plus intéressantes. Sur le banc des accusés, on retrouve des islamistes intégristes salafistes terroristes. Certains d'entre eux ont refusé, à plusieurs reprises, de comparaître devant le juge parce qu'ils refusent tout bonnement d'être jugés sur les bases de lois n'ayant aucun lien avec l'ultime loi divine, la charia. Sur le plan politique, les leaders du Watad et du Front populaire continuent d'accuser virulemment les dirigeants islamistes du mouvement d'Ennahdha. Le ministre de l'Intérieur de l'époque et actuel vice-président d'Ennahdha, Ali Laârayedh, continue de faire l'objet de plusieurs reproches qui, au meilleur des cas, seraient à la limite de la complicité selon les proches de Belaïd. Aujourd'hui, et cinq longues années après l'assassinat, rien n'a été fait, rien n'a été proprement dit et ce malgré les promesses tenues par Béji Caïd Essebsi qui, lors de sa campagne électorale, s'était engagé à faire tout son possible pour que toute la vérité soit révélée au grand jour. Donnant le titre de leader suprême de la révolution tunisienne à feu Chokri Belaïd, Béji Caïd Essebsi s'est rétracté une fois en poste et a même expliqué qu'en sa qualité de président de la République et vu les prérogatives que lui donne ce poste, il lui était impossible d'intervenir au niveau d'une affaire juridique en cours. Actuellement, tout ce qui reste à la famille Belaïd et à tous ceux pour qui l'affaire compte, c'est des célébrations annuelles et des rassemblements protestataires hebdomadaires réguliers (tous les mercredis devant le ministère de l'Intérieur). Face à une machine judiciaire des plus lentes et à des acteurs politiques démissionnaires, le sort de l'affaire de l'assassinat du martyr Chokri Belaïd demeure incertain et les espoirs de voir un jour toute la vérité éclater diminuent de plus en plus. Toutefois, Belaïd est devenu le nom d'un symbole immortel omniprésent dans les cœurs des Tunisiens.