Nidaa Tounes est prêt, Ennahdha l'est encore plus ; ces deux mouvements principaux représentants de la Droite tunisienne seraient totalement préparés pour entamer, avec force, les élections municipales prévues pour le 6 mai prochain. D'ailleurs, ces deux mouvements seraient en pleine bataille pour la circonscription de Tunis ; un poste tellement important pour le mouvement islamiste qu'il compterait même sacrifier son poste de vice-président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), occupé par Abdelfattah Mourou, pour récupérer le prestigieux titre du cheikh de la médina. De son côté, Nidaa Tounes se serait d'ores et déjà arrangé avec Kamel Idir, ancien président du Club Africain, pour qu'il préside sa liste électorale de Tunis. Dans ce cadre, le président du bloc parlementaire d'Ennahdha, Noureddine Bhiri, a annoncé que son mouvement participera aux municipales au niveau de toutes les circonscriptions, à savoir 350 en totale. De leur côté, les onze partis politiques formant la coalition Civile (Al Badil, Al Machroû, Afek Tounes, Tounes Awalan et d'autres composantes) ont déjà assuré les collaborations nécessaires pour mettre en place des listes électorales communes ; bien qu'aucun chiffre officiel n'ait été annoncé, la coalition Civile a assuré que ses listes seront présentes dans beaucoup de circonscriptions et qu'elle donnera la priorité aux indépendants en ce qui concerne les têtes de listes. Par cette priorité, la nouvelle formation cherche à réinstaurer la confiance entre l'élite politique et le grand public. Un public qui est de plus en plus réticent et qui risque de poser un lapin aux urnes d'ici quelques mois. Le grand absent de ces enthousiastes préparatifs est la Gauche ; représentée, officiellement, par le Front populaire, cette tendance politique tellement refoulée en Tunisie semble peiner, encore, à démarrer. Ne communiquant que rarement en ce qui concerne les municipales, le Front populaire n'a présenté aucun indice qui clarifierait ses éventuelles intentions de collaborer ou de se rapprocher d'une autre formation politique pour le 6 mai prochain. Alors que quelques dirigeants du Courant démocratique n'excluent pas la possibilité de s'allier avec le Front au niveau de quelques circonscriptions, les frontistes ne laissent toujours rien apparaître de leurs projets électoraux. Mieux encore, la gêne causée par le nouveau projet politique d'Abid Briki perturbe de plus en plus le Front populaire qui craint, visiblement, de voir certains de ses sympathisants changer de voie. Abid Briki, qui a par ailleurs affirmé qu'il ne participera pas aux élections municipales, devient par son appel de rassembler toute la Gauche tunisienne autour d'un seul projet unificateur et concentré, une menace guettant la base électorale du Front. Une impression qui se confirme de jour en jour avec les déclarations hostiles au projet de Briki et qui affirme que malgré tout ce par quoi est passée la Gauche tunisienne, elle n'est malheureusement pas encore arrivée à une maturité lui permettant de se rassembler réellement et en dépit de toutes les divergences autour d'un unique projet qui lui permettrait de contrecarrer les mouvements de Droite et réussir à grignoter des points lors des prochaines échéances électorales.