Une nouvelle jeune victime du «jeu» la Baleine bleue a été recensée au cours de la semaine dernière à Sousse. A seulement onze ans, la jeune fille a succombé à l'ultime défi du jeu et a mis fin à ses jours. Quelques jours auparavant, l'opinion publique a été choquée par le suicide du jeune Mehdi qui, âgé à peine onze ans, s'est suicidé par pendaison chez lui. Il est vrai qu'au début de l'affaire, beaucoup de personnes étaient plutôt sceptiques et ne voulaient pas vraiment croire qu'une simple application sur un Smartphone pouvait amener un être humain à choisir la mort. Nous étions tout aussi sceptiques et nous avons donc décidé d'entamer, nous aussi, l'aventure. Le plus difficile était de télécharger la bonne application ; en tapant le nom de ce redoutable jeu, on trouve en effet plusieurs autres versions inoffensives et il faut avoir assez de patience pour trouver la bonne proie, celle même qui deviendra le chasseur. Une fois installé, on se heurte à une plateforme dont l'esthétique et le graphique sont très mal soignés ; aucune recherche, contrairement à nos attentes, au niveau de la vitrine du jeu où l'on voit une simple baleine, mal dessinée d'ailleurs, qui apparaît avec des phrases en arabe littéraire et, à chaque étape, deux options de réponse. Cette baleine qui se présente aux petits commence par provoquer l'empathie de ces derniers en leur confiant qu'elle se sent seule, délaissée et marginalisée par tous ceux qui croient qu'elle est la méchante de l'histoire. De là, se lie un rapport de confiance entre le joueur et l'application qui commence d'ailleurs, très tôt, à imposer au joueur d'écouter des morceaux de musique (du pop et du rock) en lui affichant des fenêtres Youtube persistantes. Bien que le visuel soit mal soigné, le côté sonore du jeu est par contre très bien fait ; une musique douce en continu (qui persiste même lorsqu'on utilise le téléphone pour d'autres tâches ou applications et qui devient donc rapidement obsessionnelle) qui vous empêche de déconnecter vos oreilles de l'application. Pourquoi ce jeu est-il obsessionnel? Nous avons peut-être compris ; tout d'abord, le script de ce jeu est fait de telle sorte que la personnalité du joueur, ou du moins ses tendances, sont rapidement captés ; des questions réponses rapides qui déterminent si le joueur est peureux, courageux, curieux ou s'il ne fait, comme nous, que tenter de comprendre la logique de l'application. L'une des étapes qui visent à tester le joueur est celle où on vous demande de payer, par carte, la petite somme de 3$. Seulement voilà, lorsqu'on clique sur payer, le jeu continue systématiquement et on comprend vite qu'il s'agit tout simplement d'un autre test comme celui où il est demandé aux joueurs de changer, constamment, l'heure et la date de leurs appareils... Plongés dans le jeu, nous avons été surpris par une technique pour le moins subtile ; la baleine bleue vous fait alterner, non stop, entre la réalité et la fiction de telle sorte à ce que les moins jeunes perdent rapidement toute notion de la réalité. S'entraider (entre la baleine et le jouer) dans une aventure les opposant à une méchante sorcière, le but est, toujours, de renforcer les liens entre les deux parties. Une fois plusieurs parties remportées, la baleine commence à vouloir en savoir plus sur son « manipulateur » ; c'est là où s'affichent des demandes de photos personnelles du jouer, son adresse, des informations sur sa famille et, éventuellement, ses amis... Nous avons dû nous arrêter à cette étape parce que l'application ne peut avancer et progresser dans le jeu que si nous lui envoyions des photos d'un avant-bras amoché et ensanglanté portant l'inscription, en sang et en larmes, baleine bleue. Face à l'impossibilité d'avancer, nous avons mené quelques recherches sur internet où nous avons pu prendre connaissance de quelques autres défis : se lever à 4h20 du matin, écouter des moreaux de musique proposés par le jeu, monter sur un toit en gardant les jambes dans le vide, s'allonger sur les rails d'un train et d'autres défis redoutables et meurtriers. Le scepticisme a laissé place à une grande angoisse, celle de savoir de jeunes personnes entre les mains d'une technologie pareille qui peut, au bout de quelques jours seulement, amener un préadolescent à mettre fin à ses jours suite à une maltraitance morale et à une peur virtuelle qui peut être pire que la réelle. Alors un conseil, parlez-en à vos petits ! Surveillez les de près et faites en sorte qu'ils se confient à vous !