Le président du gouvernement et son équipe ont été reçus, vendredi 23 mars 2018, à l'hémicycle de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour répondre aux questions des députés concernant la situation générale du pays. Après un retard de plus d'une heure, Youssef Chahed a tenu son discours devant les élus qui ont, par la suite, formulé à leur tour leurs remarques, critiques et préoccupations durant plus de huit heures. La débâcle ne s'est pas fait trop attendre et le ton de la séance a été donné durant les premières heures avec le député du Front populaire, Ammar Amroussia, qui, se voulant dans un discours original et loin de toutes formes de langue de bois, a cru bon d'aller acheter des sucettes pour bébé pour jouer une métaphore à travers laquelle il a tenté de ridiculiser le discours du président du gouvernement avant de sortir une réplique, qu'on ne peut ni traduire ni relayer ici, qui a littéralement fait trembler toute l'Assemblée. Une gêne générale qui a amené quelques députés à retirer leurs interventions alors que d'autres cherchaient, dans les couloirs du Parlement, à comprendre les raisons d'une telle haine qui a fini par achever son propre auteur. La situation n'a connu aucun apaisement au lendemain de la séance dédiée à l'audition du président du gouvernement où les députés en sont venus aux mains... Rassemblés pour décider la prolongation ou pas du mandat de la controversée Instance vérité et dignité (IVD) en la présence de sa présidente, Sihem Ben Sedrine, les députés du bloc démocratique (formé, principalement, par le Courant démocratique et Al Irada) n'ont pas enregistré leur présence en signe d'opposition au contenu de la plénière. Cette abstention n'a pas empêché le président du Parlement, Mohamed Ennaceur, à donner le coup d'envoi à la séance ce qui a révolté les députés d'Ennahdha et ceux du bloc démocratique pour que le chaos s'installe et pour que certains se lèvent de leurs sièges pour aller chercher la bagarre. Les multiples coupures et les pauses décidées par Ennaceur n'ont rien arrangé à la situation et, à chaque reprise, les tensions reprenaient de plus belle. De Samia Abbou qui criait monsieur le tyran en s'adressant au président du Parlement à Mabrouk Herizi qui clamait qu'il était venu à l'hémicycle en kamikaze pour le (Mohamed Ennaceur) faire exploser, la situation a beaucoup trop dégénéré pour que cela soit réparé. Alors que le pays passe par l'une de ses pires crises financières et économiques, les acteurs de la scène politique font tout pour rendre la situation encore plus délicate en employant des moyens de communication des plus bas ; des opposants à ceux qui sont au pouvoir, le déclin du discours politique est devenu une évidence effroyable. Des propos vulgaires et violents qui font perdre l'essence même de l'affaire ou de la cause qu'on prétend vouloir défendre.