La Commission du pacte de Carthage s'est réunie, hier, au palais présidentiel pour discuter les propositions d'ordre économique et social. Cette Commission devrait, à la fin de ses travaux, mettre en place une feuille de route comprenant les priorités économiques et sociales sur lesquelles travaillera le gouvernement. Au vu de l'importance de ladite réunion, le secrétaire-général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a préféré y assister en personne. Taboubi qui campe sur ses récentes positions, concernant l'actuel président du gouvernement, Youssef Chahed, semble être plus déterminé que jamais à faire tomber l'intéressé. Lors d'une déclaration médiatique, il a affirmé que les attentes économiques, sociales, sécuritaires et politiques du pays nécessitent un capitaine plus compétent et plus imposant que Chahed. Affirmant que le gouvernement actuel comprend plusieurs ministres, conseillers et secrétaires d'Etat incompétents, Taboubi ne cache plus son ambition de voir son président céder sa place à une autre personnalité. De son côté, le chef du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, a affirmé que la réunion, d'hier, permettra de déterminer l'avenir du gouvernement. Il a toutefois précisé qu'il entendait par là la probabilité d'un remaniement ministériel et non pas l'évincement du gouvernement au profit d'un autre. Pour Nidaa Tounes, la prise de position a plutôt été officieuse. Si aucun dirigeant du mouvement n'a donné de déclaration claire et précise, ses jeunes ont initié, durant le week-end, une campagne sur les réseaux sociaux où ils ont tourné en dérision Youssef Chahed et la fameuse déclaration, qu'il a empruntée au martyr Chokri Belaïd, il faut que nous soyons « tous debout pour la Tunisie ». Ainsi, des Hashtags ont envahi les réseaux sociaux où les jeunes du Nidaa demandaient clairement à Chahed de ‘bouger', de ne pas partir (en référence à la campagne de soutien au président du gouvernement au lendemain de l'arrestation de Chafik Jarraya en mai 2017 ‘Go Jo') ou encore d'essayer de faire avancer les choses au lieu de rester debout. Cette campagne qui s'est voulue ironique et subtile a fait comprendre que les dirigeants de Nidaa Tounes cherchent, eux aussi, à dégager Chahed du palais de la Kasbah. Le gouvernement d'union nationale a été formé suite à l'initiative présidentielle lancée le 2 juin 2016 lorsque le président de la République, Béji Caïd Essebsi, avait conclu à une faible assise politique de l'ancien gouvernement d'Habib Essid. Ayant réussi à rassembler neuf partis politiques et trois organisations nationales, il avait la garantie de former un gouvernement et de lui donner une marge de manœuvre assez importante pour pouvoir apporter les réformes nécessaires à la relance économique du pays. Moins de trois ans plus tard, le même gouvernement s'est retrouvé dans le même blocage auquel s'est heurtée l'équipe précédente et la scène publique ne parle plus que de son évincement qui serait imminent d'autant plus que l'UGTT est activement soutenue par l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA) ce qui révèle que cette intention d'évincement est réellement intense.