Une première pour l'histoire de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) ; alors que le comité administratif a annoncé, lundi, la reprise des cours et la remise des notes des élèves aux administrations des établissements scolaires, la Fédération générale de l'enseignement secondaire a publié un communiqué où elle a appelé tous les enseignants à poursuivre toutes les formes de leur militantisme – à savoir la grève générale ouverte et le blocage des notes – jusqu'à ce que le gouvernement daigne entamer des négociations sérieuses et sans aucune conditions. L'annonce de ces deux appels totalement contradictoires ont soulevé un tollé sur les réseaux sociaux où la question était la même : allait-on reprendre ou pas les cours mardi ? La réponse était claire le lendemain avec la poursuite de la grève. Plusieurs parents ont dû faire le chemin vers les lycées et les collèges pour rebrousser chemin avec leurs enfants. Sur la page officielle du secrétaire-général de la Fédération générale de l'enseignement secondaire, Lassaâd Yaâcoubi, plusieurs enseignants ont félicité la prise de position historique de la Fédération qui vient contredire un communiqué faible et soumis émis par la centrale syndicale. La division ne s'est pas fait attendre et les Tunisiens ont vécu un moment ‘exceptionnel' face à une division toute aussi grave que profonde. S'exprimant sur les ondes de Mosaïque FM, le secrétaire-général adjoint de l'UGTT chargé du règlement intérieur, Kamal Saâd, a tenté, tant bien que mal, d'expliquer que les communiqués contradictoires de la Fédération et du Comité administratif ne veulent pas forcément dire qu'il existe une grande crise interne à l'UGTT tout en assurant que la centrale syndicale, qui a toujours résolu ses problèmes internes d'une manière consensuelle, ne comptait pas avoir recours à des sanctions administratives et officielles contre ceux qui se sont opposés à la décision du Comité administratif qui, rappelons-le, représente la plus haute autorité de l'UGTT. Depuis le début de la crise de l'enseignement secondaire, plusieurs ont affirmé que ce dossier cachait en fait une réelle rupture entre Noureddine Tabboubi, secrétaire-général de l'UGTT et Lassaâd Yaâcoubi. Une rupture qui remonterait au mois de janvier 2017 à la tenue du congrès national de la centrale : à l'époque, Yaâcoubi s'était porté candidat sur une liste concurrente à celle de Tabboubi qui a fini par remporter les élections et par présider le nouveau bureau exécutif. Depuis, le secrétaire-général de la Fédération générale de l'enseignement secondaire serait en train de tout faire pour faire échouer le mandat de Tabboubi. Un autre élément peut confirmer cette théorie puisque lorsque Houcine Abassi était encore à la tête de l'UGTT, le même Yaâcoubi a vite laissé tomber la bataille qu'il voulait mener contre Néji Jalloul pour la reprendre avec Tabboubi qui a fini par obtenir l'évincement de Jalloul de la tête du ministère de l'Education nationale en avril dernier. Une année plus tard, Yaâcoubi a relancé les charges et, aujourd'hui, Noureddine Tabboubi risque toute sa crédibilité en tant que premier chef syndical du pays...