Pour cette quatrième visite programmée par le ministère de la Défense, nous avons pris la direction du nord-ouest et plus précisément du centre de Béja puis de Mejez el Bab. La première partie de cette visite s'est déroulée en deux étapes à la caserne militaire de Béja qui abrite le Centre régional de conscription et mobilisation(CRCM) et le Centre militaire de formation militaire (CMFM). C'est en 1976 qu'a été créé le CRCM de Béja, à l'instar des quatre autres centres, situés à Tunis, Sousse, Gabes et Kasserine. Il recouvre 4 gouvernorats en tout, Béja bien évidemment mais aussi le Kef, Jendouba et Siliana. Dépendant de la Direction Générale de la Conscription et de la Mobilisation, ces centres visent à combler les besoins des armées en soldats, à recenser les jeunes et à régulariser leur situation envers le service national qui est un devoir civique pour tout jeune homme âgé entre 20 ans et 35 ans, en bonne santé et n'ayant aucun empêchement pour en être dispensé. Parmi ces motifs, l'incapacité physique ou psychique, le fait d'être père, d'avoir un frère ou une sœur handicapés ou encore d'avoir à sa charge un parent vieillissant âgé de plus de 65 ans. En 2011, ils étaient encore 10 692 jeunes à passer leur service militaire. En 2015, ils n'étaient plus que 556. Toutefois, la Tunisie, faisant face depuis quelques années à une stabilité sécuritaire précaire et ayant besoin d'un maximum de ressources humaines au sein de ses forces armées, a instruit une campagne de conscription exceptionnelle qui a réussi à mobiliser, entre avril 2016 et novembre 2017, 3117 volontaires. Il faut dire que malgré la très grande popularité de l'armée tunisienne auprès des citoyens, nombreux sont ceux qui estiment que le risque sécuritaire et terroriste est encore présent et ont peur de s'engager dans l'armée. Former les jeunes c'est les protéger La deuxième partie de cette matinée nous a menés au Centre militaire de formation professionnelle de Béja. C'est l'un des dix centres créés par l'armée et répartis sur le territoire tunisien, pour former des jeunes à des métiers d'avenir et prévenir ainsi les graves conséquences du décrochage scolaire. A l'instar de celui de Gabes, le Centre de Béja permet, en plus, d'héberger 150 élèves sur un total de 177 apprenants. Ouvert à tous et pas seulement aux jeunes soldats, le Centre accueille aussi bien des filles que de garçons. Les disciplines qui y sont proposées sont diverses, à savoir la soudure, l'installation de câbles électriques, l'installation électrique pour bâtiments, la menuiserie aluminium et pvc ou encore le design assisté par ordinateur appliqué aux bâtiments, une matière très prisée sur le marché du travail. En fonction de la discipline et de la filière, le Centre délivre des brevets de technicien professionnel (BTP), des certificats d'aptitude professionnelle (CAP) ou encore des certificats de compétence (CC). Situé un peu en dehors de la ville et de son brouhaha, le centre de formation professionnelle de Béja offre une rare opportunité d'avenir aux jeunes faisant face à des difficultés scolaires. En effet, au lieu de trainer dans la rue ou de rester, oisifs, à la maison, ils peuvent apprendre un métier qui leur permettra au bout d'un an ou deux de gagner dignement leur vie. Ce programme permet ainsi de lutter contre le chômage et la précarité mais aussi la délinquance en leur offrant un enseignement de qualité en plus de la possibilité de les héberger dans de très bonnes conditions au sein même du centre. Transport et logistique La troisième et dernière étape de cette visite destinée aux journalistes de terrain pour mieux cerner le déploiement de l'armée et ses différentes missions en Tunisie, nous a menés à Mejez el Bab et plus précisément à la caserne militaire, à la rencontre du 81ème Régiment du Train mais aussi des responsables du Centre d'instruction du Train. Contrairement à ce que laisserait penser son appellation, ce régiment n'a aucune relation avec les trains ordinaires et le secteur ferroviaire. Il s'agit plutôt de la structure en charge d'assurer des missions de transport sur le territoire national ainsi que des missions de maintenance de logistique et de ravitaillement en plus d'appuyer les mouvements des unités militaires lors des grands déploiements sur le territoire national ou encore lors d'opérations menées dans des lieux très reculés et aux conditions extrêmes. Le 81ème Régiment du Train de Medjez El Beb participe également aux actions nationales humanitaires et aux opérations de sauvetage. Annuelle, il assure environ 10 000 missions et ses unités parcourent près de 3 millions de km. C'est en 1956 que la première unité de l'Arme de Train a vu le jour à Bab Saâdoun à Tunis, constituée d'une quarantaine de véhicules abandonnées par l'occupant français, avant de subir plusieurs changements avant d'en arriver à sa composition finale actuelle et c'est en 1976 que l'appellation 81 Régiment du Train est apparue. Pour une conduite sûre L'ultime étape de notre journée a été la visite du Centre d'Instruction du Train, l'une des unités de formation relevant de l'armée de terre, en charge de former le personnel dans la spécialité voulue en matière de conduite, de logistique, de transport et de code de la route. Il assure un vigoureux enseignement théorique et pratique aux apprenants avec des modules spécifiques à l'armée pour pouvoir intervenir ou se sortir de danger en toutes circonstances. C'est aussi ce Centre qui assure les examens de la conduite pour tous types de véhicules et délivre les permis de conduire. Mais avant d'en arriver là, les apprenants sont soumis à tous types d'épreuves et de tests pour s'assurer de leur pleine maîtrise des véhicules. Le directeur du CIT insiste sur l'importance de bien prendre son temps avant de pouvoir autoriser les apprenants à rouler à l'extérieur de la caserne et ce, pour éviter au maximum tout risque d'accident. Les statistiques démontrent d'ailleurs que cette stratégie est vraiment porteuse. Ainsi, en 2017, les véhicules de l'armée tunisienne ont parcouru 60 775 394 km, soit 1517 fois le tour du monde. Durant cette période, seuls 35 accidents de la route ont été enregistrés et à 67,8% ils n'étaient pas fautifs. C'est dire l'importance d'un enseignement de qualité pour les véhicules de l'armée qui roulent aussi bien sur les routes que sur des pistes ou encore dans le désert et sur des chemins sinueux et caillouteux, parfois à basse allure et parfois à vive allure lors de courses poursuites avec des éléments suspects.