En attendant un compromis ou une solution consensuelle de nature à faire sortir le pays de sa crise actuelle, les concertations se poursuivent pour que les frères ennemis saisissent qu'il est temps d'observer une trêve salvatrice qui permette de sauver ce qui reste à sauver Comme prévu, les concertations sur le Document de Carthage II n'ont jamais cessé même si, officiellement, les négociations sont suspendues suite à la décision annoncée lundi 28 mai par Saïda Garrache, porte-parole de la présidence de la République, à l'issue de l'échec des signataires du Document à s'entendre sur le point 64 de la feuille de route élaborée par les experts, point relatif au maintien ou au départ de Youssef Chahed. Ainsi, la semaine écoulée et celle qui s'est ouverte hier, lundi 4 juin, ont-elles donné lieu à un large mouvement de dialogue, d'analyses et de dévoilement d'approches et de solutions développées par les principaux acteurs du paysage politique national aussi bien parmi les partis au pouvoir que ceux dans l'opposition, dans le but de débloquer la situation et de sortir de l'ambiance de léthargie et du climat d'attentisme et de méfiance qui ne font qu'assombrir davantage les horizons et présager de lendemains qui ne rassurent guère. Et les développements enregistrés jusqu'ici d'annoncer que la semaine en cours enregistrera le retour à la table des négociations mais avec de nouvelles idées et aussi avec la participation d'autres forces qui se sont retirées du processus du Document de Carthage mais qui ont toujours appelé à d'autres solutions. C'est le cas du parti Machrou Tounès qui «appelle à la formation d'un gouvernement de compétences qui ne seront pas concernées par les prochaines élections». Dimanche soir, les députés de Machrou Tounès ont organisé, à Hammamet, une journée parlementaire pour «examiner les développements de la situation sur la scène politique», ce qui revient à dire pour s'entendre sur la position que le parti va prendre à l'égard de la crise qui oppose Youssef Chahed à son parti Nida Tounès, en premier lieu son directeur exécutif, Hafedh Caïd Essebsi. Et si le communiqué issu de cette journée parlementaire s'est contenté d'insister sur les généralités d'usage comme inviter les principaux acteurs du pays «à faire preuve de clairvoyance, à privilégier l'intérêt national et éviter les surenchères qui ne font qu'aggraver la crise dans le pays», Mohsen Marzouk, secrétaire général de Machrou Tounès, a assuré la mission de dévoiler, sur les ondes de Mosaïque FM, les positions du parti vis-à-vis de la crise en général et aussi vis-à-vis du différend opposant Hafedh Caïd Essebsi à Youssef Chahed, sans oublier l'appel de ce dernier «à l'unification de la famille centriste démocratique afin d'assurer l'équilibre politique dans le pays», un euphémisme pour signifier qu'il n'est pas question de laisser le terrain vide devant Ennahdha, ce qui lui permettra d'accentuer davantage sa domination sur la scène politique nationale. Mohsen Marzouk réaffirme sa position sur la nécessité de placer le prochain gouvernement, qu'il soit présidé par Youssef Chahed ou par une autre personnalité, à l'égard des agendas partisans et des calculs en prévision des échéances électorales de fin 2019, de manière «à ce que le futur chef du gouvernement et ses ministres se concentrent sur les grandes réformes économiques sur lesquelles il existe un accord». Mohsen Marzouk ajoute : «Quant à Youssef Chahed, personne ne lui interdit d'aspirer à jouer le rôle de rassembleur des forces démocratiques centristes. Sauf qu'il ne peut pas assurer ce rôle tout en continuant à diriger le gouvernement et à avoir des rapports conflictuels avec le responsable n° 1 de son parti Hafedh Caïd Essebsi». Un projet urgent de salut national Du côté de Nida Tounès, on attend toujours une réaction claire de la part de la direction du parti à la guerre lancée par Youssef Chahed contre Hafedh Caïd Essebsi et aussi aux tentatives que mènent, ces derniers jours, «les fondateurs du parti, les fidèles à l'engagement nidaïste initial» dans le but «de réinvestir le parti et de l'arracher des griffes des usurpateurs qui l'ont confisqué pour des visées personnelles». Pour le moment, seuls quelques coordinateurs régionaux se sont exprimés pour appeler à une solution qui préserve l'intérêt national. Et il a fallu attendre la catastrophe de l'embarcation des migrants clandestins à Kerkennah pour que Nida Tounès se décide, enfin, à reconnaître qu'il assume «une part de responsabilité» dans la crise qui secoue à l'heure actuelle le pays. Et Nida Tounès «de tendre la main aux acteurs politiques pour l'élaboration d'un projet urgent de salut national permettant de sortir le pays de sa crise économique et sociale». Sauf que le parti ne précise pas en quoi consistera exactement ce projet de salut national et quel rôle pourra y jouer Youssef Chahed avec sa présente équipe ministérielle ou avec les nouveaux ministres qu'il aurait «déjà décidé de choisir dans le cadre du remaniement que connaîtra son gouvernement dans les prochains jours», probablement après les vacances de l'Aïd dans la mesure où rien ne serait dévoilé (à propos du remaniement) avant le retour de Rached Ghannouchi, qui est allé effectuer la Omra aux Lieux Saints. En attendant les vacances de l'Aïd et les deals qui sont en cours de négociation, Youssef Chahed et ses ministres auront beaucoup de travail à faire en vue de faire face à la catastrophe nationale intervenue à Kerkennah et apporter aux victimes et à leurs familles l'accompagnement et la sollicitude qu'elles méritent en ces heures difficiles.