Enfin... Après 7 ans d'hibernation, le développement régional revient à la une des préoccupations du Gouvernement, et il était temps ! Nous sommes loin, très loin, de la méthode et de l'action des années héroïques du début de l'indépendance et de cette philosophie bourguibienne du «contact direct» ( Al Ittisal el moubachir) avec les populations de la Tunisie profonde qui se souvient des grands «gouverneurs» de Bourguiba, véritables «copies conformes» du Chef de l'Etat, avec les pouvoirs les plus étendus pour faire plier la réalité du sous-développement à la nouvelle mécanique du développement intégral ! En quelques décennies la Tunisie est passée d'un pays pouilleux, pauvre et mal soigné au statut de leader en Afrique et dans le monde arabe, pour l'éducation, l'infrastructure, les ports, les aéroports, les barrages, l'agriculture irriguée, l'industrie et le tourisme. Tout cela avec, presque, une reproduction de la «conquête de l'Ouest» américaine, car il fallait tout faire à partir de rien. Alors, toutes ces lois de blocage et ces règlements à l'emporte pièce qui handicapent, aujourd'hui, au plus haut point, le développement régional, ont pu être dépassées pour libérer les énergies humaines et avancer à la vitesse supérieure. Sans des meneurs d'hommes comme feu Amor Chechia super-gouverneur et d'autres collègues à lui, gouverneurs bosseurs, puissants et dotés de méthodes pratiques et pragmatiques, aucune unité hôtelière n'aurait jamais vu le jour en si peu de temps à Nabeul-Hammamet, Sousse, Djerba, Gabès ou même Bizerte. Avec toutes les tracasseries actuelles multipliées à l'infini par l'enchevêtrement des hiérarchies et des compétences, tous ces «déclassements de terrains», toutes ces zones urbaines et touristiques n'auraient jamais pu être réalisés, sans cette force de caractère de l'Etat et le tempérament «Bâtisseur» de ces élites de l'indépendance et celles de la relève. Ça fait des années qu'on écrit et qu'on demande aux autorités de revenir à la méthode du cas par cas pour tous les projets «bloqués» et qui se comptent par milliers, dans les tiroirs des ministères et des gouvernorats, sans aucune percée visible. Ça fait des années qu'on demande la coordination réelle entre les départements sur les projets porteurs dans les régions, parce qu'il y a confusion de compétences et de hiérarchies... mais rien n'y fait. Les gouverneurs véritables meneurs et capitaines du développement régional ont été réduits au rôle de «boîtes postales» qui acheminent les doléances au pouvoir central, lequel répercute à son tour au département «concerné»... mais lequel, puisque plusieurs d'entre eux ont leur mot à dire sur ces projets ! Un véritable parcours du combattant où plusieurs promoteurs ont perdu plus que des poils, leur santé, leurs économies et surtout avec le dégoût d'entreprendre quoi que soit en Tunisie... D'où ces départs massifs de compétences et de capitaux vers l'étranger et d'autres pays proches plus concurrentiels. Nous disons cela avec tout de même un léger espoir de voir les nouvelles qui tombent ces derniers jours sur les écrans T.V et ces réunions de coordinations dans les régions chapeautées par des ministres et des gouverneurs, sur ordre de M. Youssef Chahed, président du gouvernement en personne, aboutir à des résultats concrets ! Ouf... ! Enfin on a compris ! Sans impact réel, la réalité des régions, avec des mesures pratiques immédiates et l'implication de tous les intervenants sur le plan central, aucune dynamique régionale de développement n'est possible. Quand un promoteur est appelé pour construire une usine, une cité touristique ou un complexe commercial, de loisirs et de services, est obligé de faire la navette de ministère en ministère et de direction en direction et de service en service, il finit par lâcher, à force d'usure physique et mentale. Le président du gouvernement qui a visité quelques régions, ces derniers mois, semble convaincu que cette méthode cacophonique ne peut plus durer. Il a déjà installe une haute instance pour la coordination entre les département ministériels très prometteuse pour les grands projets bloqués. Maintenant, il faut lui donner à elle et aux gouverneurs les «pouvoirs» les plus étendus pour débloquer la situation et dépasser les réflexes de rétention et de rejet très tenaces. Sans cela, dans un ou deux ans, on reviendra à la case départ et cette belle opportunité aura vécu ! C'est drôle, et malgré la sortie peu honorable d la Mannschaft allemande de la coupe du monde, je me rappelle encore, cette fameuse réplique d'un ami Bavarois, grand amoureux de la Tunisie, qu'il visite chaque année : «Mon cher ami, en Europe, on gouverne par le Oui...mais. En Tunisie on gouverne par le Non... mais ! Eh... oui, le « Non... mais » notre maladie chronique structurelle depuis quelques années... Youssef Chahed peut-il forcer les choses et la changer !? Wait and see ! K.G