Un vieil adage toujours d'actualité dans le monde : « Quand le bâtiment va... tout va » ! Or depuis la Révolution le pays est comme handicapé et frappé d'amnésie à ce niveau, malgré quelques frémissements plutôt insignifiants sur des projets d'autoroutes et de ponts urbains qui avancent à la vitesse du dix à l'heure ! Mais où est le mal et pourquoi on n'arrive pas à redécoller, après tous ces atterrissages catastrophiques et forcés subis depuis la Révolution et ce malgré toute la bonne volonté de l'actuel chef du gouvernement ? Tout d'abord, il faut rappeler que la coordination entre les Départements a toujours été et de tout temps insuffisante sur les grands projets. Les problèmes commencent, et n'en finissent pas, dès qu'il s'agit d'un terrain « agricole » dont la vocation est maintenue contre nature et contre l'évolution, et qu'il faut déclasser. Là, déjà, nous avons à faire deux Ministères tentaculaires qui constituent de fait deux « Etats dans l'Etat », le Ministère de l'Equipement et de l'Habitat et le ministère de l'Agriculture. Le reste ne tardera pas à se profiler à l'horizon du blocage intégral prévisible, avec une petite autorisation par ci, une autorisation par là, où les violons de l'Intérieur (par gouverneurs interposés) se mêleront aux batteries du Tourisme, de l'Environnement etc...etc... Le tout sera arrosé par cette « Direction générale de l'aménagement du territoire », nomade et jamais sédentaire tels ces oiseaux migrateurs, un jour sous l'autorité hiérarchique de son « Altesse » le Ministre de l'Equipement, et un autre jour dépendant de l'Agriculture ou de l'Environnement, de quoi faire perdre son latin à Cicéron lui-même ! Le résultat, des villes délabrées, toujours en retard sur la construction anarchique, qui défigure à souhait le tissu, urbain totalement dépassé par l'exode rural, et anéantit toute vision esthétique et de développement harmonieux des villes pour le futur. Certes devant l'accumulation des exigences et des problèmes, la priorité va à « l'urgence ». Et l'urgence aujourd'hui devient synonyme de « gestion du quotidien » pour assurer le fonctionnement de la société et de l'Etat. Mais on annonce fort heureusement un « plan » pour 2016-2020 et ce serait là une véritable opportunité pour mettre de l'ordre dans ces « galères » ministérielles où l'on ne sait pas « qui fait quoi » et « quoi fait qui » ! Encore une fois nous avons soif de rationalisme au niveau de l'Etat et ses départements, avec une simplification à l'extrême des formalités administratives. Mon ami, Dr Baïer, du beau village d'Amorbach en Allemagne en Bavière, tu as raison de me dire, toi qui adore la Tunisie, son climat, ses couleurs et ses fruits : « En Tunisie quand un investisseur veut faire un projet, on lui dit : « non...mais » alors qu'en Allemagne au Japon et maintenant en Chine on lui répond : « Oui... mais ! ». Alors vivement les « Oui », aux bâtisseurs de ce pays qui attendent et qui sont bloqués aux portes des Ministères du « Développement », quitte à leur proposer des cahiers de charge, avec un pôle coordinateur pour chaque projet et pas les décourager ou plutôt les encourager à émigrer vers d'autres cieux ! Vivement un nouveau printemps pour nos villes traumatisées par tant de tracasseries de négligences et de laisser faire ! Ne laissons pas le mal devenir... fatalité ! Le temps presse ! K.G