Riadh Zghal: Le besoin de sciences sociales pour la gestion des institutions    La Tunisie séduit le monde : un afflux record de touristes en 2025    La BERD et l'UE appuient un financement vert et inclusif en Tunisie    Météo en Tunisie : pluies éparses sur le Nord, le Centre-est et le Sud    Ouverture du concours ingénieurs : 145 communes recrutent !    Revenir en Tunisie ? La diaspora hésite entre attachement et réalités économiques    Virus d'hiver : pourquoi ils frappent plus fort chaque année?    Port commercial de Radès : des mesures fortes pour accélérer le trafic et les opérations    CAN 2025 : la Tunisie lance son parcours face à l'Ouganda ce soir    Ce qui va changer pour tous les conducteurs tunisiens à partir du 1er janvier    Tunisie à l'honneur : LILY, film 100% IA, brille sur la scène mondiale à Dubaï    La Cité des Sciences à Tunis abrite la septième édition de la Journée de l'aéronautique    Psychose numérique: la naissance de ''l'Homo sapiens algorithmicus''    Ooredoo Tunisie célèbre la CAN Maroc 2025 avec son Fan Zone Festival "DAR EL FOOT"    19 ans de prison ferme pour Mondher Zenaidi    Mali – Zambie : toutes les chaînes pour suivre le match en direct CAN 2025    Nabeul accueille le festival international Neapolis de théâtre pour enfants    Météo en Tunisie : temps localement brumeux, vent fort près des côtes    Tunisie-Ouganda : qui dirigera le match de la CAN 2025 ?    La Banque de Tunisie distinguée par Euromoney avec le Best Transaction Bank Award 2025    Cérémonie de clôture de la 36ème session des journées cinématographiques de Carthage (Album Photos)    Mohamed-El Aziz Ben Achour: Le baldi dans son milieu    Décès de Somaya El Alfy, icône du cinéma et du théâtre égyptiens    Le carcadé: Une agréable boisson apaisante et bienfaisante    Le Festival Néapolis du Théâtre pour Enfants de retour du 21 au 28 décembre 2025 à Nabeul et plusieurs régions    CAN Maroc 2025 : programme des matchs de la Tunisie, préparatifs et analyse des chances    La BIAT élue service client de l'année 2026 : la BIAT primée pour la qualité de son service    France : nouvel examen civique obligatoire pour tous les étrangers dès 2026    France : Rachida Dati visée par une enquête pour corruption    Etats-Unis : Les « visas diversité » suspendus après la fusillade de Brown    Vient de paraître : Anouar Moalla en « Témoin libre d'une époque » (Album photos)    Elyes Ghariani - Le Style Trump: Quand l'unilatéralisme redéfinit le monde    Les Etats-Unis remettent à la Tunisie des équipements de sécurité d'une valeur de 1,4 million de dollars    Abdelaziz Kacem: "Les Arabes ne méritent pas leur langue"    Fête de la Révolution : la Tunisie se souvient, 15 ans après    Mort de Peter Greene : L'acteur des rôles cultes nous quitte à 60 ans    Slaheddine Belaïd: Requiem pour la défunte UMA    L'appel du Sud : le voyage gourmand de Malek Labidi dans La Table du Sud    Programme JCC 2025 : salles et horaires des films et où acheter les billets de la 36ème session des JCC    Comment se présente la stratégie américaine de sécurité nationale 2025    Match Tunisie vs Qatar : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 07 décembre?    Match Tunisie vs Palestine : où regarder le match de Coupe Arabe Qatar 2025 du 04 décembre?    Des élections au Comité olympique tunisien    La Poste Tunisienne émet des timbres-poste dédiés aux plantes de Tunisie    Sonia Dahmani libre ! Le SNJT renouvèle sa demande de libération des journalistes Chadha Haj Mbarek, Mourad Zghidi et Bourhen Bssaies    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Chronique des jours insensés
Publié dans Le Temps le 25 - 07 - 2018

De retour sur les planches, Abdelaziz Maherzi vient de présenter sa nouvelle création dans le cadre du festival El Abdelliya. Lucide, philosophe, railleur et jamais fataliste, Le comédien signe un texte majeur et déploie tout son talent dans un monodrame d'une cruelle actualité.
Abdelaziz Maherzi ne peut rester éloigné des planches trop longtemps. Après des périodes où il laisse à ses idées le temps de la maturation, il finit toujours par revenir plus convaincant que jamais.
Un personnage dans la sombre écume des jours de doute
Avec " Ichad ya Layam", il crée un lointain écho qui s'inspire aussi bien de Gogol que de Boris Vian. Le titre du nouveau spectacle de Maherzi est des plus polysémiques. On pourrait aussi bien le traduire par un très littéral "C'est aux jours de témoigner" que par des variations plus poétiques et plus proches de "L'écume des Jours" ou d'un beckettien "Oh les beaux jours". Dans ce texte, il s'agit du jugement des jours sur le quotidien, du témoignage du temps qui passe sur notre vécu et, plus prosaiquement, de ce qui nous échappe, nous intrigue ou nous interpelle.
Témoin d'une époque, Maherzi se contente de raconter. Mais il le fait avec le cynisme des philosophes et la distance de ceux qui ont déjà vu toutes sortes de délitements. Il s'agit de la Tunisie contemporaine, de ce qui l'agite et de ce qu'un simple individu peut entrevoir. Car, la force du texte de Maherzi réside dans sa dimension singulière, dans le fait qu'il s'agit d'une simple voix qui décline sa propre vérité, sans se soucier qu'elle soit la vérité. Maherzi se contente de raconter et, au fond, ne cherche à convaincre personne. Il dit les choses comme il les a ressenties et ne cherche aucunement à donner à son discours l'allure d'une revendication ni même d'un constat. Il raconte, et c'est tout.
Un témoin lucide, une voix désabusée
Toutefois, cette narration, il lui trouve les mots justes et des expressions ciselées. Il parvient à sublimer le quotidien le plus cru pour lui donner un écho profondément artistique et le parer d'une détresse qui ne dit pas son nom. Car, ce texte de Maherzi est celui d'un narrateur désespéré, d'un homme dont sa propre vie lui échappe dans les tumultes post-révolutionnaires. Très camusien, Maherzi s'attache à l'homme, au témoin lucide qui parle, à la voix désabusée qui s'exprime.
Ce faisant, il brosse la chronique des jours insensés que nous avons pu traverser et brocarde à tout va ce qui est véreux en nous, ce qui fait le lit de nos défaites, ce qui constitue la trame de nos silences. Le dispositif est des plus simples: un homme parle et ce sont les jours qui s'expriment à travers sa voix. Un homme raconte et ce sont des vies rétrospectives qui s'échappent de sa langue. Cet homme nous parle dans notre langue, il caricature nos propres échecs et rien n'échappe à son regard à la fois narquois et fatigué.
Une mise en scène intimiste
Depuis le "Solwen" de Leila Toubel, on a rarement aussi bien porté nos errances et nos questionnements. Avec "Iched ya Layam", Maherzi revient aux racines du théâtre: sans artifices, à voix nu, il parle seul et solitaire mais dit tout un peuple, sa douleur et ses attentes. Ceux qui connaissent cet artiste savent qu'il a mis toute la fougue de ses vingt ans et toute la maturité de son âge aujourd'hui pour accoucher de ce texte puis d'une interprétation sobre et lumineuse.
Une mise en scène intimiste pour un texte dont la puissance réside dans son actualité. Un témoignage précis, actuel mais savamment décalé de manière à mettre hors jeu les discours pompeux et les professions de foi mensongères. En un mot, un texte vrai, tellement vrai que même le narrateur semble s'effacer devant ces mots que nous aussi aurions pu prononcer. Du grand art!


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.