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Regard sans concessions sur la Tunisie d'aujourd'hui
Monodrame d'Abdelaziz Mehrezi
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 07 - 2018

Le journal a fini par prendre forme pour devenir un corpus édifiant fait d'actualité mouvementée et d'événements tragiques. La flamme artistique s'en mêle. La pièce est née
Les nuits d'El Abdelya touchent à leur fin. Cette septième édition qui a choisi de se produire en plein été, du 6 au 22 juillet, a été aussi riche que variée avec des spectacles de chant, de théâtre, d'opéra et de musique soufie pour clôturer la saison.
La nuit du 19 juillet s'est déployée sous le signe du quatrième art avec le grand comédien Abdelaziz Mehrezi. Le palais d'El Abdelya, un joyau niché au cœur de la cité balnéaire de La Marsa, s'est alors illuminé pour accueillir le public.
Figure populaire, connue des grands et des petits, ayant joué dans des fictions célèbres, Mehrezi est d'abord et avant tout un homme de théâtre. Avec la pièce qu'il présente ce soir-là, il s'est fait plaisir. Un monodrame qui porte un titre poétique empreint de nostalgie «Ichhad ya layam» (Témoignez ô jours), dont il est l'auteur et le metteur en scène.
Les souvenirs oubliés
«Toutes choses sont dites déjà, mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer», c'est par cette citation d'André Gide que Abdelaziz Mehrezi entame son monologue. Un long texte bien agencé en dialecte tunisien et en prose rimée, qu'il déclame pendant une heure, entrecoupé de quelques courtes pauses seulement.
La période ciblée se situe depuis la révolution jusqu'à aujourd'hui. Le lieu : la Tunisie. Mehrezi, lui, ne joue pas un rôle ni incarne un personnage, mais il est l'homme au regard subtil de dramaturge qui se meut à l'intérieur de cette sphère spatio-temporelle. Il critique et raille à mots couverts, ou parfois directement, les déboires d'un pays et ceux qui sont responsables de sa dérive. L'idée est lancée, c'est un bilan qu'il dresse.
Mehrezi nous avait déjà révélé qu'il suivait l'actualité au jour le jour et prenait note au quotidien, sans avoir l'intention de faire du matériau recueilli une œuvre. Seulement voilà, son journal a fini par prendre forme pour devenir un corpus édifiant fait d'actualité mouvementée et d'événements tragiques. La flamme artistique s'en mêle. La pièce est née. Un constat cruel et scénarisé qui fait remonter à la surface des souvenirs partagés par la collectivité nationale, déjà oubliés ou simplement balayés par une actualité encore plus tragique et forcément plus récente.
Personne n'est épargné, sauf le petit peuple trahi. Les responsables, les députés, les partis politiques nés dans les cafés, tous en prennent pour leurs grades. Les contrebandiers qui ne savent plus quoi faire de leur argent, les opportunistes qui prennent comme des caméléons les couleurs de leurs chefs. Une galerie de personnages authentiques que nous connaissons, que nous avons croisés au fil de ces jours difficiles.
Il a dit son mot
Mehrezi raconte triste et désabusé les querelles stériles et intéressées entre politicards pour s'emparer de parcelles de pouvoir. Il remet au goût du jour quelques saillies de députés désormais entrées dans les annales. Il rappelle au bon souvenir les soldats décimés par les bombes et les jeunes engloutis par les vagues.
Le plus dur dans l'affaire, comme le dramaturge se base sur des faits réels, avérés, il décrit à travers la minutie d'une radioscopie la Tunisie en détresse depuis 2011 à ce jour. Il pousse les Tunisiens à se regarder dans le miroir qu'il leur présente, mais aussi à mesurer ce qu'ils ont enduré : les attentats, la valse des gouvernements, la cherté de la vie, la paupérisation de tous face à l'enrichissement insolent d'une poignée. L'image reflétée est alors angoissante.
Mehrezi, narrateur fatigué, évoque le passé récent et décrit ce présent qui dure. Le timbre de la voix est empreint de tristesse. Le diagnostic est pessimiste et la capacité d'endurance des Tunisiens est elle aussi épuisée.
Très applaudi par le public, Abdelaziz Mehrezi l'a été également par ses pairs venus l'encourager, Aziza Boulabyar, Leila Chebbi, Mouna Nourredine et bien d'autres. Par ce monodrame, l'homme a dit son mot et c'est un état des lieux amer et sans concessions. Il a le mérite d'être vrai.


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