Les récentes nominations de « conseillers politiques » aussi bien à la Présidence de la République qu'à la Kasbah ne sont ni fortuits ni le fait du hasard, mais semblent rechercher le même objectif à distance entre BCE et Youssef Chahed ! C'est un peu le profil des désignés à ces postes de l'ombre qui nous aide à déchiffrer les messages codés de l'un et de l'autre du pouvoir à deux têtes. Habib Essid ancien premier ministre et ministre de l'Intérieur présente l'image de l'homme bosseur discret et donc rassurant au niveau de la sécurité générale et de la manœuvre en respectant «ses limites » par rapport au Boss de Carthage. A son actif, à ce niveau, son respect hermétique de la hiérarchie et de l'autorité de l'Etat, d'où son silence collé à l'obligation de réserve et son refus à commenter la tournure des événements, depuis sa dernière sortie de la Kasbah ! Par conséquent, Si El Habib, sera certainement très utile auprès de Béji Caïd Essebsi, éreinté par une suite de manœuvres, plutôt avortées, à vouloir coller les morceaux de son Parti, brisé, par les défaites électorales successives, alors qu'il avait gagné le «Jack-Pot», fin 2014, contre ses adversaires les Islamistes de Gannouchi ! Le «Tawafouk» ( consensus) qu'il a imposé à la grande famille de la modernisation réformiste depuis le 19ième siècle et bourguibienne dans ses racines, s'est avéré un véritable cheval de Troyes, qui au lieu de stabiliser le pays autour d'un équilibre réel où les islamistes seraient maintenus « à leur place », et leur volume de départ de 17 à 20% de l'électorat, a plutôt mis en pièces le peuple combattant de la modernisation et la résistance de ses élites. D'où ce défaitisme amer et général, et cette abstention record aux municipales qui a fini par mettre à terre Nida Tounès. Les sondages ne trompent pas et annoncent un désastre à l'horizon 2019, si on n'arrive pas à redresser la barre. La tâche de Habib Essid ne sera ni aisée ni reposante. La question est de savoir s'il peut réussir à remonter les troupes et le clan de la modernisation, qui n'y croient plus, surtout à un possible renouveau de Nida Tounès. Or plus que cela, seule une thérapie «chirurgicale», pourrait envoyer à nouveau les bons clignotants à la masse des Nidaïstes dispersés au quatre vents. Idem, pour les relations du Palais de Carthage avec Ennahdha. Après avoir trop donné, BCE pourra-t-il faire machine arrière, alors que Ennahdha a pris le large pendant ces deux années du «Tawafouk» à sens unique, où les Islamistes ont récolté sans avoir semé, et gagné la guerre identitaire sans livrer bataille ! Côté gouvernement, le premier Ministre fait appel à notre collègue et ami Kamel Haj Sassi, un homme d'honneur et de compromis. Son profil peut très bien servir le chef du gouvernement, car c'est le genre de politique qui ne se fait pas d'ennemis ou si peu ! Avec l'étiquette «destourienne» bien portée, le nouveau ministre conseiller, pourra-t-il faire en sorte que la masse destourienne et bourguibienne, puisse rallier son Chef du gouvernement Youssef Chahed pointé du doigt ces derniers temps, pour ses accointances avec les Islamistes et le Cheikh-président de Montplaisir. Y.C et Haj Sassi savent bien que le soutien des Islamistes n'est jamais fait pour le compte du bon Dieu, ni assuré dans la durée. Si El Béji, en sait quelque chose, lui qui les a défendus bac et ongle à l'échelle nationale et internationale et qui mesure à quel point ils ont tiré profit, à sens unique, du consensus. Par conséquent, deux bons profils de commis et d'administrateurs de la République honnêtes, probes et bien outillés pour aider, les Présidences de la République et du gouvernement, à apaiser le pays dans cette phase trouble, où les Hachmi Hamdi profitent du passage à vide politique, pour jouer les démagogues illuminés, avenue Bourguiba ! Décidément on aura tout vu, depuis l'insurrection du 14 Janvier 2011. Même les «Marble Arch» et les «Speeks Corner» Londoniens ont élu domicile en Tunisie ! Pauvre pays... Vite un balai... Mais là encore, il ne faut pas trop y compter... Les Islamistes ont capturé la capitale et son Hôtel de ville ! C'est le plein bateau ivre ! Khaled GUEZMIR