Un ami d'enfance ancien zeitounien tout en finesse, à l'élégance rare dans ses habits traditionnels princiers, me disait au vu des tractations pour le gouvernement « d'Union nationale » : « Je vous assure que si vous leur nommez le Calife Omar Ibn El Khattab en personne... il lui trouveront de quoi le dégoûter du pouvoir avant de l'avoir exercé » ! Cela a été le cas du temps de M. Habib Essid qui a mis deux bons mois pour faire accoucher la Kasbah d'un gouvernement qui à peine formé, est allé au charbon ardent, des critiques, des grèves, des sit-in et de toute la panoplie des misères de la société civile installée dans la réthorique de la critique aisée alors que l'art est difficile. Rebelote avec M. Youssef Chahed, à peine proposé pour succéder à M. Essid et hop... c'est la croix et la bannière de à qui mieux mieux pour le balancer déjà au purgatoire des « jamais satisfaits » et le discréditer avant la lettre. Son baptême du feu, il y est en plein et sur ce rythme, je peux vous assurer que ses cheveux passeront au gris avant la fin du mandat de son protecteur à Carthage ! Le plus étrange dans tout cela c'est l'arrogance de certains partis politiques rappelés à nouveau sur la scène par un « appel » miraculeux de la présidence de la République, alors qu'ils ont disparu bel et bien de « l'écran-radar » politique depuis un certain mois de Décembre 2014 où ils n'ont même pas eu de voix à l'ARP héritière de la constituante. Ils annoncent déjà en grande pompe un vacarme radiophonique du 13h-14h de leur « rejet » de l'initiative présidentielle dans son ensemble. Encore une fois BCE récolte les semences de l'ingratitude de ceux qu'il a ressuscités, alors que le peuple souverain les a disqualifié aux dernières élections. Que voulons-nous, la démocratie classique qui n'a pas d'état d'âme avec les vaincus comme la Pax-Romana, a enfanté chez-nous la démocratie « consensuelle » ou Tawafouk chère au Cheikh Rached El Ghannouchi patron de la centrale islamiste Ennahdha ! Caïd Essebsi croyait bien faire d'élargir la consultation à des micro-partis emportés par la dure réalité du scrutin de Décembre 2014. Il a en eu pour son compte et il est servi d'un « niet » très peu courtois, alors qu'il aurait pu se contenter des Partis majoritaires et des organisations de masse comme l'UGTT, l'UTICA l'Union des agriculteurs et l'Union des femmes tunisiennes qu'on a enterrée depuis belle lurette. Ceci aurait eu pour effet immédiat positif d'abréger les consultations et d'aller aux vrais décideurs mandatés populairement et au niveau de la représentativité parlementaire. Mais Essebsi a voulu brasser plus large avec quelques ratés quand même comme l'exclusion des « destouriens » et le désistement du Front Populaire de Hamma Hammami. Maintenant plus de temps à perdre BCE doit trancher dans le vif pour ne pas s'éterniser à mettre en place le gouvernement avec la rentrée générale classique du 1er septembre. Par ailleurs tous ces « rejets » qui vont du Front Populaire, à d'autres formations dites nationalistes arabes et de gauche modérée, ne font qu'ajouter à la dépendance de BCE et de son Nida vis-à-vis des Islamistes et d'Ennahdha. Donc retour à la case départ. M. Chahed part avec les mêmes « handicaps » que son prédécesseur M. Essid et il est dans l'obligation de composer avec la centrale islamiste pour stabiliser son gouvernement et avoir l'investiture majoritaire à l'ARP ! Tout cela pour confirmer ce que nous disait Samuel Huntington dans ses thèses : La Démocratie est un système de gouvernement marqué essentiellement par la multiplicité des exigences, où les minorités font plus de bruit que les groupes majoritaires... Mais l'essentiel c'est que la majorité soit dotée du tempérament de commandement ! » Au jeune préposé Premier Ministre de faire ses armes et surtout de montrer de l'assurance, du calme et de la confiance en soi... Eh oui... Le tempérament de notre ami Samuel et que les Tunisiennes et les Tunisiens attendent avec impatience ! K.G