La situation politique, économique et sociale, dans le pays, ne prête pas à l'optimisme et beaucoup de jeunes, de toutes les régions, tentent, au risque de perdre la vie, d'émigrer clandestinement, vers l'Europe, surtout que les côtes italiennes peuvent être atteintes, dans le pire des cas, en moins d'une journée de navigation. Le beau temps aidant, les tentatives d'émigration clandestine se sont multipliées, et les chiffres disponibles indiquent que 3811 Tunisiens sont arrivés en Italie, depuis janvier 2018. Le phénomène de l'émigration clandestine ou « harka », comme on l'appelle chez nous s'est amplifié d'une manière alarmante, depuis cette maudite révolution, avec, comme prétexte, l'absence de perspectives en Tunisie, l'impossibilité de créer des emplois, un niveau de vie qui ne cesse de se dégrader, mais, surtout, un désir de vivre d'une manière plus que décente et de s'enrichir, en allant travailler en Europe. Dans la mêlée, il est de notre droit de nous demander comment des chômeurs et des personnes n'ayant aucune ressource peuvent payer des milliers de dinars, pour oser embarquer dans des aventures sans lendemain, avec l'éventualité d'être jetés en mer, au large même de la Tunisie, en raison de la loi de la jungle qui prévaut sur les embarcations de fortune affrétées à cet effet. Pourtant, dans ce commerce de la mort, il n'y a de gagnants que les passeurs sans foi ni loi qui se remplissent les poches en envoyant des jeunes dans des aventures sans lendemain, avec l'Europe qui ferme de plus en plus ses portes aux clandestins. Avec des partis extrémistes de droite, les pays européens utilisent, actuellement, tous les moyens légaux et illégaux pour ne pas accueillir les clandestins, au risque même de les laisser « patauger » en mer sans aide et sans possibilité d'accostage pour les embarcations de fortune utilisés par les « Harrakas », pour atteindre les côtes européennes. Selon les données publiées par l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), jusqu'au mois d'aout 2018, 3811 immigrés illégaux tunisiens sont arrivés en Italie, contre 1721 enregistrés, au cours de la même période de l'année dernière, a déclaré le président du forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) MasoudRomdhani. Entretemps, aucun chiffre n'est fourni sur le nombre des Tunisiens qui ont péri en mer, durant cette période. Toutefois, le responsable a évoqué la hausse du nombre de victimes au sein des émigrés illégaux, soulignant qu'à la fin de mois d'août, leur nombre a atteint 1600 soit une victime ou un disparu sur 16 ayant atteint les côtes italiennes. Selon les mêmes sources, 6369 personnes n'ont pas réussi à atteindre les côtes italiennes, contre 3178 au cours de la même période de l'année 2017. S'agissant des causes qui poussent les jeunes à quitter le pays, le responsable a évoqué le désespoir, le manque de confiance outre les difficultés de la situation sociale et économique en Tunisie. Il a dans ce cadre appelé toutes les parties concernées à mettre en place un schéma de développement global à même de garantir la reprise de la croissance économique et l'équilibre social. Pour le responsable, l'Etat est également appelé à concrétiser ses engagements constitutionnels en garantissant les droits des tunisiens et notamment les jeunes, en mettant en place des plans de développement urgents au profit des régions de l'intérieur. Pour y parvenir, précise encore Romdhani, des démarches audacieuses et sérieuses doivent être adoptées en matière de lutte contre la corruption et la mise à niveau de l'administration publique, tout en œuvrant à réviser les choix économiques et sociaux qui ont démontré leur échec.