La première réunion de la commission bipartite 5+5 n'a pas abouti à un accord à même d'éviter les grèves prévues dans les entreprises publiques et la fonction publique. Sept heures d'âpres négociations et peu de concessions de part et d'autre. La réunion de la commission bipartite 5+5 regroupant cinq membres du gouvernement et autant de membres du Bureau exécutif de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), qui s'est tenue vendredi, n'a pas permis de rapprocher les points de vue entre les deux parties au sujet des négociations sociales dans le secteur public et de la restructuration des entreprises publiques loin de la logique de la privatisation à tout crin. «La réunion s'est étalée entre 10 heures et 17 heures. Elle n'a pas jusqu'ici abouti à des résultats tangibles. La réunion reste ouverte et la grève est maintenue pour défendre les entreprises publiques et le droit des travailleurs à des augmentations salariales de nature à limiter la détérioration de leur pouvoir d'achat», a souligné l'UGTT dans un communiqué laconique rendu public dans la soirée du vendredi. La réunion de la commission 5+5 s'est tenue suite à un accord conclu mercredi entre le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, et le chef du gouvernement, Youssef Chahed. Selon des sources syndicales, l'organisation ouvrière a réclamé des augmentations identiques à celles convenues avec l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA). L'accord conclu le 19 septembre entre l'UGTT et l'UTICA prévoit des augmentations de 6,5% par an du salaire de base et des primes fixes au titre des années 2018 et 2019. La centrale syndicale s'es attachée à la prise en considération de plusieurs paramètres, dont le taux d'inflation, les taux de croissances prévues au cours des prochaines années et le glissement du dinar par rapport aux devises fortes (l'euro et le dollar essentiellement), qui a causé un renchérissement de produits importés. L'inflation tourne autour de 8%, soit presque le double du taux enregistré en 2015, et le dollar s'est déprécié d'environ 40% par rapport à l'euro, tandis que le taux de croissance du produit intérieur brut est sur une courbe ascendante. Compte-tenu de ces indicateurs économiques, la centrale syndicale. Le gouvernement a, quant à lui, jusqu'ici évoqué les fortes pressions qui subissent les finances publiques en raison des coûts liés aux subventions des produits de base et des hydrocarbures et la masse salariale qui dépassé 14 % du PIB, soit l'une des plus élevées au monde. En ce qui concerne la privatisation des entreprises publiques, l'UGTT refusé la cession des fleurons du secteur public au secteur privé et suggéré, en contrepartie, la restructuration des entreprises publiques en difficulté et l'amélioration de leur gouvernance. Le gouvernement s'est cependant attaché à la privatisation de certaines entreprises évoluant ans des secteurs non-stratégiques pour limiter l'hémorragie financière causé par les déficits que cumulent la majorité des entreprises publiques. Le secrétaire général adjoint et porte-parole de l'UGTT, Sami Tahri, a indiqué dans ce cadre qu'une réunion de la commission administrative nationale de l'organisation se tiendra ensuite pour examiner les propositions du gouvernement et décider du maintien ou de l'annulation des grèves décrétés par l'organisation dans les entreprises publiques (le 24 octobre) et dans la fonction publique (le 20 novembre) , en signe de protestation contre le blocage des négociations sociales et l'orientation du gouvernement vers la privatisation des entreprises publiques. Walid KHEFIFI La grève du 24 octobre maintenue La grève dans le secteur public, prévue le 24 octobre courant, est maintenue si aucun accord n'est conclu entre la partie gouvernementale et l'Union générale Tunisienne du travail (UGTT), a souligné hier Samir Cheffi, secrétaire général adjoint de l'UGTT. Intervenant lors d'un meeting tenu au siège de l'union régionale du travail à Sfax, Cheffi a insisté sur l'importance du secteur public, qui a-t-il dit, est la première garantie de la souveraineté de l'Etat. L'attaque contre le secteur public s'inscrit dans le cadre d'une stratégie menée dans le but de fragmenter les structures de l'Etat, a-t-il estimé. Le responsable syndical a rappelé à ce propos, le sacrifice de la classe ouvrière alors que des milliards sont empochés par les corrompus, signalant à ce propos les dégâts survenus après la dernière chute de pluie dans différentes zones du pays.