Le Cap Bon dévoile ses agrumes en cette période automnale. Il suffit de faire une virée du côté des marchés municipaux pour voir des centaines de citoyens acquérir cette denrée alimentaire si chère actuellement puisque le kg de clémentine dépasse les deux dinars. Ces fruits arrivent au bon moment pour assurer la mutation quantitative et qualitative nécessaire pour fournir un produit de choix pour le marché intérieur que le marché extérieur. «La production des agrumes connaitra une augmentation de 15 à 20%. Cette croissance est attribuée à plusieurs facteurs comme les conditions climatiques favorables, au cours de la période de floraison (baisse de la température en mai et juin), ainsi qu'aux efforts d'encadrement et de mobilisation des eaux d'irrigation pour pallier le déficit pluviométrique. La hausse de la production est perceptible, notamment au niveau de la clémentine et l'orange Thomson. Ces chiffres sont révélateurs d'une excellente campagne», souligne Bechir Ounallah, président de l'Union locale de l'agriculture et de la pêche à Béni Khaled. Mais nous sommes loin des chiffres de 2015-2016 (560 mille tonnes). Les superficies s'étendent sur13000 hectares. Le Cap Bon demeure la première région des agrumes du pays avec plus de 85% de la production nationale. Les autres vergers de Jendouba, Bizerte, Béja, Ben Arous, Ariana et Manouba participent à concurrence de 15% de la production nationale. Malgré l'évolution du rendement de 7,5 tonnes à l'hectare en 1966 à 16 T/ ha en 2000, la productivité du verger agrumicole reste encore en deçà du niveau souhaité de 30 t/ha. La production nationale d'agrumes oscille entre 350 et 450 mille tonnes. Les variétés Thomson et Clémentine sont pratiquement deux fois plus rentables que la Maltaise. Ce phénomène doit inciter nos fellahs à améliorer leurs techniques culturales, à produire des plants sains, à créer de nouvelles plantations et aussi à améliorer leur technique d'irrigation. Cette performance permettra au pays de satisfaire entièrement la demande locale, ce qui devrait aboutir à une baisse du prix de ces fruits sur le marché tunisien. Côté exportation, la Tunisie fournit en moyenne 25 à 30 mille tonnes. Plusieurs variétés de nos agrumes sont demandées sur les marchés extérieurs tels que la Valencia Late et le citron, mais l'orange maltaise spécifique au pays reste de loin la variété la plus prisée. «La Tunisie, a fait remarquer le président de l'Union locale de l'agriculture et de la pêche, est le premier exportateur mondial de l'orange maltaise demi-sanguine. Nous exportons essentiellement vers la France qui reçoit plus de 90% du volume exporté. Cependant, en comparant les prix à l'exportation des agrumes tunisiens avec ceux de l'Espagne et du Maroc, on remarque que les prix tunisiens sont toujours supérieurs. A cet effet, Il y a lieu de signaler que les agrumes sont menacés par la perte de leur importance sur le marché français, bien qu'il y ait encore une certaine appréciation des maltaises tunisiennes, raison pour laquelle s'avère la nécessité de préserver cette image de marque et de la renforcer à travers des actions appropriées en matière de politique d'exportation. A part la France, le Qatar est le premier importateur de clémentines, suivi par le Koweït, les Emirats Arabes Unis et le Sultanat d'Oman. Le marché local pourrait réduire considérablement le coût du conditionnement et par conséquent améliorer la compétitivité à l'exportation. Une organisation de ce marché peut ainsi engendrer l'amélioration des recettes des producteurs. D'où la nécessité de diversifier les marchés d'exportations, d'atteindre de nouvelles niches de marchés, non pas avec des transactions sporadiques mais beaucoup plus régulières afin d'assurer des recettes d'exportation plus durables»