Tout le monde tente de pousser le chef du gouvernement à demander la confiance de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP)… mais, personne parmi ceux qui le demandent, en cette période de médiocrité politique n'y croit vraiment… parce que cette demande, si elle est faite, va faire tomber dans une situation inextricable et indécise qui risque de faire sombrer définitivement le pays dans l'inconnu. La Tunisie est, vraiment, au bout du rouleau et la sortie du tunnel ne pointera pas de sitôt à l'horizon, surtout qu'on ne peut jurer de rien de ce qui risque d'arriver au pays, si le chef du gouvernement ose aller demander la confiance de l'ARP qui se débat dans ses dissensions internes, avec les absences à la pelle des députés, la gabegie qui y règne et la dispersion des forces. Même les meilleurs pronostiqueurs ne peuvent engager les paris entre partisans de maintien du gouvernement actuel avec un remaniement restreint, avec en tête le mouvement Ennahdha qui cherche à conforter sa position pour instaurer son diktat, les détracteurs de Youssef Chahed qui n'ont pas de chance de le faire tomber, et l'opposition qui va jouer le trouble-fête, en vue de faire perdurer la situation de vide. Entretemps, le flou perdure et les forces en présence, chacune de son côté, n'osent pas aller au fond du problème et se voilent la face, sentant leur incapacité à arriver à leur fin. Impuissance de Nidaa Tout d'abord, Nidaa Tounès qui a perdu son aura d'antan, même avec son nouvel allié, Afek Tounès, ne fait plus le poids et n'est plus la première force à l'ARP. Même avec les nouveaux ralliements annoncés par son porte-parole et qui n'arrivent pas encore, ce parti n'a pas la capacité de faire tomber le gouvernement. Le président de la République Béji Caïd Essebsi qui a choisi son camp et qui tient rancune à Youssef Chahed l'a bien compris… sinon, il aurait pris l'initiative, lui-même, de demander à l'ARP un vote pour le retrait de confiance. C'est le cas, aussi, du mouvement Ennahdha qui soutient Youssef Chahed pour des raisons particulières et qui n'est pas arrivée à soutirer à ce dernier la promesse qu'il ne va pas se présenter aux prochaines élections. Faisant croire qu'il veut sauvegarder la stabilité politique dans le pays, le mouvement islamiste qui n'a pas dévié de sa ligne directrice de toujours, profite de l'occasion, quand même, en s'accaparant les rouages de l'Etat. Toutefois, il est sûr qu'il ne peut pas avoir gain de cause à l'ARP, même en étant la première force avec les moins de 70 députés dont il dispose… sinon, il aurait pressé Chahed pour répondre à son vœu et promettre qu'il ne sera pas candidat à la prochaine présidentielle. Pourtant, certains députés qui cherchent à faire preuve de sincérité, appellent le chef du gouvernement à aller demander un vote de confiance à une ARP qui ne représente plus rien et qui s'enfonce dans la médiocrité. C'est le cas du député indépendant Mondher Belhaj Ali qui a demandé dans un message adressé vendredi au chef du gouvernement Youssef Chahed de solliciter la confiance de l'ARP, sur fond de crise politique que vit le pays. "Le fait de procéder à un remaniement ministériel est un acte anticonstitutionnel et il importe de ne pas confondre le recours du gouvernement au parlement pour renouveler la confiance et le remaniement ministériel", a-t-il estimé dans ce message dont l'agence TAP a reçu une copie, en allusion à un remaniement attendu du gouvernement dirigé par Chahed. L'errance de l'ARP et les limites de son action Mondher Belhadj Ali avait démissionné du bloc de Nidaa Tounès avant de rejoindre le bloc de Machrou Tounès dont il a été exclu, pour devenir finalement député indépendant. Le nouveau bloc de la Coalition nationale demeure un mystère, même si on croit qu'il a choisi son camp, mais, dans ce paysage politique, tous les revirements et magouilles sont possibles, surtout que les échéances électorales approchent à grands pas et que chacun veut se positionner et avoir sa part du gâteau. Toutefois, la solution n'est pas dans un vote de confiance où il ne va y avoir aucun gagnant et tout le monde doit revenir à la raison et de trouver des solutions pour éviter la dégringolade du pays vers une situation des plus catastrophiques. Les errements de l'ARP vont, certainement, se poursuivre, parce que les préoccupations des députés sont, actuellement, purement électorales, surtout qu'ils ont goûté aux délices de cette représentativité, durant plus de quatre ans. Il est donc possible d'affirmer que le vote de confiance ne peut pas trancher et que la situation va perdure et dépendra, en premier lieu, du chef du gouvernement qui, certainement, cache des surprises pour tout le monde et que, maintenant, il est le maître du jeu, jusqu'à nouvel ordre que Béji Caïd Essebsi et son fils Hafedh le veuillent ou non. Le pays pâtit de cette guerre fratricide et il faut que cela cesse le plus tôt possible, pour le b ien de l'avenir de la Tunisie.