Il semble qu'une dynamique est en train de prendre forme en vue de trouver une issue au blocage qui marque à l'heure actuelle le paysage politique national. On appelle le président de la République à agir et on se mobilise également du côté de l'Ugtt pour créer «un front patriotique aussi large que possible» en vue de faire face à Ennahdha et ses pressions excessives Face à l'inertie qui caractérise à l'heure actuelle le paysage politique national, à l'attentisme dont font montre la majorité des acteurs évoluant au sein du même paysage et face au silence que marque le palais de Carthage, on a enregistré ces derniers jours l'émergence d'une série d'initiatives et d'appels au déblocage de la situation, via la démission de Youssef Chahed de son propre gré ou sa révocation par le parlement. Ce jusqu'à la formation au sein ou sous la supervision de l'Ugtt «d'un front patriotique aussi large que possible groupant les diverses composantes de la famille démocratique, civile et progressiste» Les promoteurs de ces appels s'accordent à souligner «qu'il n'est pas admissible que le pays reste suspendu aux positions flottantes d'un jour à l'autre d'Ennahdha dont les leaders donnent l'impression qu'ils se sont partagé les tâches pour souffler quotidiennement le chaud et le froid à propos du sort qui sera réservé à Youssef Chahed au point qu'aujourd'hui, l'on est arrivé à guetter le retour de Rached Ghannouchi des Lieux Saints où il effectue les rites de la omra pour nous édifier sur ce que le président de la République décide sur la suspension définitive de l'expérience Document de Carthage ou le retour aux négociations dans les prochains jours». On attend Si El Béji En attendant le mécanisme que le président de la République choisira de mettre en œuvre en vue «de sauver son initiative politique baptisée Document de Carthage ayant abouti à la formation du gouvernement d'union nationale présidé par Youssef Chahed, l'on s'ingénie, du côté des partis de l'opposition ou du pouvoir ainsi que du côté des organisations de la société civile, à l'instar de l'Ugtt à imaginer et proposer les solutions qui pourraient faire sortir le pays de la situation de blocage dans laquelle il est empêtré depuis près de deux mois. Ainsi, le Courant démocratique appelle-t-il, par la voix de son secrétaire général, le député Ghazi Chaouachi, le chef de l'Etat à «adopter une nouvelle initiative politique en appliquant, en sa qualité de garant de la Constitution, l'article 99 de la même Constitution». «L'article en question stipule, précise Chaouachi, que le président de la République peut demander à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) de voter pour la poursuite par le gouvernement de son action ou de lui retirer sa confiance. Au cas où l'ARP ne renouvellerait pas sa confiance au gouvernement, il sera déclaré démissionnaire». Autrement dit, Ghazi Chaouachi demande à ce que le président de la République exerce ses prérogatives constitutionnelles qui lui permettent de soumettre lui-même au Parlement la fameuse motion de censure et de ne pas attendre que 73 députés au moins s'accordent pour signer une demande exigeant que le Parlement destitue le chef du gouvernement ou le gouvernement entièrement. Pour certains observateurs, le conseil de Ghazi Chaouachi au chef de l'Etat «propose une solution qui pourrait épargner à la présidence de la République et à Nida Tounès les pressions, les caprices et les exigences d'Ennahdha en vue de soutenir le dépôt de la motion de censure à l'encontre de Youssef Chahed dans la mesure où au cas où Si El Béji aurait recours à l'article 99 de la Constitution, on n'aura plus besoin de collecter la signature de 73 députés au moins pour que la motion de censure puisse être déclarée recevable». Et les mêmes observateurs s'interrogent sur la possibilité de voir l'initiative présidentielle (activation de l'article 99 de la Constituion) tomber au cas où elle ne réussirait pas à arracher l'aval de la majorité absolue des membres de l'ARP, ce qui veut dire le vote affirmatif de 109 députés. Mais avant d'arriver à cette hypothèse à haut risque au Palais du Bardo et qui suppose aussi un deal avec Ennahdha qui pourrait s'avérer très coûteux pour Nida Tounès, on propose du côté des Berges du Lac que Youssef Chahed fasse preuve de courage et démissionne de son propre gré ou demande lui-même au Parlement de lui renouveler sa confiance», comme l'a martelé sur Nessma TV l'ancien chef du bloc parlementaire nidaïste Fadhel Ben Omrane. Et à scruter le ton avec lequel parlait le député nidaïste et la confiance exagérée dont il accompagnait son discours, «on avait le sentiment que les jours de Youssef Chahed étaient déjà comptés et que Nida Tounès est assuré d'avance que le Parlement retirera sa confiance au chef du gouvernement même si les députés nahdhaouis s'y opposeront en application de la position actuelle de leur parti, position qui pourrait changer d'un moment à l'autre en fonction des dividendes que le parti est en mesure d'en tirer». Et ce sont précisément «ces dividendes qu'Ennahdha a pris l'habitude de récolter lors des crises qui secouent le pays à un rythme régulier et la politique de butin ou de privilèges à préserver ou à arracher en contrepartie de ses positions, que les milieux de gauche évoluant au sein de l'Ugtt ou sous sa coupe veulent éradiquer une fois pour toutes». Du côté de la Place Mohamed-Ali, certaines voix se sont élevées en vue de la constitution «d'un front patriotique comprenant toutes les composantes de la famille démocratique et progressiste déterminées à faire face avec fermeté et vigueur aux pressions et aux caprices d'Ennahdha et à s'imposer comme un partenaire dont la voix compte sur la scène nationale et dont les approches sont prises en considération».