Les protestations sociales spontanées, en dehors du cadre syndical, au mois de septembre 2018, en Tunisie, et les émigrations clandestines des jeunes tunisiens de janvier à septembre 2018, ont été, lundi 29 octobre, au centre d'une conférence de presse tenue par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Le président de la FTDS, Messaoud Romdhani, a déploré, une nouvelle fois, l'indifférence des autorités et du gouvernement à l'égard de ces contestations et leur refus d'en tirer les leçons qui s'imposent, malgré leur récurrence et leur amplification. En effet, il a été d'avis que c'est le social qui va déterminer le devenir du pays et non pas la politique, comparant la scène politique actuelle à un cirque, avec ces hommes politiques qui ne font que se déplacer et aller d'un parti politique à un autre, perdant toute crédibilité aux yeux de l'opinion, a-t-il dit. Au même moment, rien n'a changé sur le plan des orientations économiques et sociales selon lui, car c'est toujours le néolibéralisme qui inspire la politique du gouvernement, comme l'attestent les lois de finances dont celle de 2019. S'agissant des manifestations sociales recensées par le Forum, au mois de septembre 2018, leur nombre est passé à 547, contre 370 en septembre 2017, soit une augmentation de 33%. Elles ont été en grande partie liées à la détérioration des infrastructures, des routes, des ponts et des établissements d'enseignement, provoquée par les fortes précipitations de la saison automnale et les inondations qui les ont suivies dans de nombreuses régions du pays, ce qui laisse présager une recrudescence dans ce sens durant les mois à venir, en l'absence de réactions officielles appropriées, a estimé le FTDES. Messaoud Romdhani a indiqué, en outre, que les procès en rapport avec les mouvements sociaux ont augmenté au mois de septembre, et ont intéressé 118 personnes. 34 suicides et tentatives de suicides ont été enregistrés au mois de septembre en Tunisie, parmi les diverses tranches d'âge, mais les moins de 15 ans ont constitué 9%. La violence sous toutes ses formes continue également de sévir. Le nombre des émigrations clandestines ou irrégulières des jeunes tunisiens vers l'Europe, via l'Italie essentiellement, de janvier à septembre 2018, est également préoccupant. Près de 6800 jeunes tunisiens ont tenté d'émigrer clandestinement durant cette période. Mais, le nombre des arrivés en Italie avoisine 4500, contre environ 2300 arrêtés avant leur embarquement clandestin. Les points de départ englobent de nombreuses villes et bourgs disséminés sur la côte tunisienne. La moyenne d'âge de ces migrants clandestins est 21 ans tandis que les femmes représentent 5%.