A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, l'Institut de Presse et des Sciences de l'Information (IPSI) organise, aujourd'hui, avec l'appui de plusieurs associations une journée d'information et de sensibilisation. A cette occasion, les étudiants sont invités à se faire dépister gratuitement et de manière anonyme pour déceler tout cas de séropositivité. Le sida (syndrome d'immunodéficience acquise) a commencé à faire parler de lui dans le monde dans les années 80 mais ce n'est que bien plus tard qu'il sera officiellement évoqué en Tunisie et pour cause ! Le sujet, se rapportant directement à la sexualité, a en effet été pendant longtemps considéré comme tabou. Il continue d'ailleurs de l'être dans certains pays arabes et musulmans, ancrant ainsi de plus en plus les amalgames, les idées reçues et les préjugés de la société vis-à-vis des personnes séropositives donc infectées par le virus VIH et celles qui ont le sida. Car ce n'est décidément pas la même chose et peu de personnes, du moins en Tunisie, le savent. Une personne est séropositive lorsqu'elle a été infectée par le VIH et que ce virus est entré dans son corps et a commencé à se multiplier. Par contre, le sida est le stade le plus avancé de l'infection par le VIH, qui est caractérisé par une perte progressive des défenses immunitaires et l'apparition de maladies opportunistes. En effet, toute personne vivant avec le VIH n'est pas nécessairement atteinte de sida et ceci est du notamment aux avancées médicales dans ce domaine et aux traitements antirétroviraux. Apparus au début des années 90, ces médicaments ont permis d'améliorer la qualité de vie des patients atteints de VIH et de rendre, après un certain temps, leur charge virale indétectable. Ces personnes vivent donc mieux et plus longtemps. D'autres avancées scientifiques grâce à la recherche médicale de pointe ont permis de créer d'autres traitements innovants en matière de lutte contre le VIH. En effet, en plus des traitements antirétroviraux plus allégés de 2ème et de 3èmes générations, les chercheurs ont également mis au point un traitement préventif, baptisé PrEP destiné aux personnes qui n'ont pas le VIH et qui consiste à prendre un médicament afin d'éviter de se faire contaminer. Il existe aussi une pilule à prendre très rapidement en cas de suspicion de contamination. Mais ces traitements ne sont pas suffisant estiment les chercheurs dont le but ultime est d'éradiquer complètement le VIH et d'en venir définitivement à bout. Selon les statistiques de l'ONU Sida, 36.9 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2017 et seuls 21,7 millions d'entre eux avaient accès à la thérapie antirétrovirale. La Tunisie compterait un peu moins de 2000 cas de personnes vivant avec le virus VIH, du moins c'est là le nombre de cas recensés. Car en Tunisie comme ailleurs, c'est le nombre croissant de personnes ayant avoir contracté ce virus et qui ne s'en rendent compte qu'à un stade avancé. Il y a quelques mois, le ministère tunisien de la Santé avait communiqué un chiffre troublant, voire alarmant. Ainsi, près de 42% des personnes atteintes du VIH ne seraient pas au courant qu'elles sont porteuses du virus. C'est pourquoi les associations dont l'ATL MST Sida mais aussi l'Association Tunisienne de Prévention Positive s'activent depuis des années à organiser, tout au long de l'année, des campagnes de sensibilisation et d'alerter le grand public sur la nécessité de se faire dépister et sur le danger des relations sexuelles non protégées. En février dernier, la Tunisie avait adopté le plan 2018-2022 de lutte contre le sida, s'engageant ainsi à lutter efficacement contre ce fléau qui menace la vie de milliers de personnes. Mais loin de bureaux feutrés et des accords officiels, la réalité est plus triste et moins encourageante. En effet, de nombreux jeunes ayant désiré se faire dépister de manière gratuite et anonyme dans certains centres de bases mis à leur disposition affirment qu'ils ont été froidement reçus, ont été l'objet de railleries de la part d'une partie du personnel ou encore se sont vus dire qu'il y avait une rupture de stock des kits de dépistage. Le chemin reste long...