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« Je ne crois pas que nous parviendrons à éradiquer totalement le virus VIH »
Pr Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de Médecine 2008
Publié dans Le Temps le 19 - 02 - 2010

A l'invitation de l'Institut Pasteur de Tunis, le Pr Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de Médecine en 2008 effectue une visite de travail à Tunis et ce pour renforcer les relations entre les instituts Pasteur (France et Tunisie) et envisager de nouvelles possibilités de collaboration. Le prix Nobel de Médecine est également l'invitée d'honneur des 8èmes journées scientifiques de la Société Tunisienne d'Immunologie. Elle a été accueillie hier matin par M. Béchir Tekkari, ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.
Leur entretien a porté sur la recherche dans notre pays et les avancées accomplies dans ce domaine. Nous avons saisi cette occasion pour l'interviewer et surtout avoir une idée sur les avancées accomplies dans la recherche contre le VIH-SIDA. Une recherche qui se prolongera encore des années. Car les scientifiques sont très loin d'un traitement efficace capable d'éradiquer totalement le virus du corps. Le prix Nobel s'est même montrée pessimiste par rapport à la question. Interview
Le Temps
* Deux millions de décès ont été enregistrés en 2008 à cause du VIH-SIDA, date où vous avez reçu le prix Nobel en Médecine. Un chiffre quand même « dramatique ». Qu'en pensez-vous ?
-Pr Françoise Barré-Sinoussi
Je suis très en colère, parce que depuis la découverte du virus, il y a eu plus de développement en termes de test de dépistage et de médicaments. Ces médicaments ne guérissent pas, mais réduisent le taux de mortalité des patients s'ils sont prescrits assez tôt. Ils permettent d'ailleurs de réduire la mortalité de plus de 85 %. Je suis très en colère de voir que l'objectif des Nations Unies relatif à l'accès aux antirétroviraux ne sera pas atteint en 2010. Je suis en colère de savoir que les membres du G8 par exemple n'ont pas jusqu'à présent respecté leurs engagements. Forcément, il est inadmissible de voir encore dans beaucoup de pays en voie de développement des gens qui meurent parce qu'ils n'ont pas été dépistés ou parce qu'ils n'ont pas accès au traitement.
*Peut-on affirmer alors que le 6ème objectif du millénaire pour le développement qui vise à enrayer la propagation du VIH/SIDA et inverser la tendance actuelle, ne sera pas atteint ?
-Je pense que cet objectif pourra être atteint à condition qu'on facilite l'accès au dépistage et au traitement pour tous et dans le monde entier. Nous savons qu'au-delà du bénéfice individuel de ce traitement, il y a un bénéfice à titre épidémiologique collectif, puisque les patients qui sont sous traitement ont beaucoup moins de virus et donc ils transmettent moins le VIH. Donc, c'est un double bénéfice. Un bénéfice en termes de traitement pour les personnes déjà infectées, et un bénéfice en termes de prévention.
*La recherche menée dans le domaine du VIH-SIDA est-elle au bout de son trajet ? Sommes-nous proches du traitement contre cette maladie ?
-Il n'y a pas pour l'instant un traitement qui puisse guérir le VIH. La trithérapie destinée aux patients atteints du VIH date de 1996. Son efficacité est remarquable à long terme. Aujourd'hui, il y a des personnes qui vivent avec le VIH et qui sont traitées depuis presque 15 ans et surtout ils vont très bien. Il n'y a pas de nouveau traitement qui permet de guérir la maladie. D'ailleurs c'est l'objectif de la recherche de demain, avoir un traitement qui permettrait d'éradiquer le virus du corps.
*Où en êtes-vous finalement ?
-Nous sommes au niveau de la recherche, très en amont. Nous savons que le virus est caché dans des réservoirs dans le corps et pour l'instant, nous ne savons pas comment les atteindre. Donc, c'est une recherche très fondamentale pour l'instant.
*C'est une recherche qui prendra donc encore du temps ?
-Oui, des années même. Et pour vous dire la réalité, -je parais peut être un peu pessimiste- je ne crois pas que nous parviendrons à éradiquer totalement le virus. Je pense que si nous réussissons à avoir un traitement qui permet de maintenir les patients avec une très faible quantité de virus dans tous les compartiments du corps en particulier au niveau de sécrétions génitales, l'intestin…si nous parvenons à diminuer la quantité du réservoir dans lequel le virus est dormant, ça sera déjà un grand pas. Je m'explique encore. Nous avons un petit nombre de patients que nous appelons les contrôleurs d'élite. Ces contrôleurs d'élite qui représentent un taux faible, soit moins de 0,2 % des personnes vivant avec le VIH arrivent à contrôler naturellement leur infection. Ils n'ont jamais reçu le moindre traitement. Ils ont une quantité de réservoir dans leurs corps beaucoup moins faible que les patients qui sont sous traitement. Ils ont un virus totalement indétectable au niveau du sang. Certains, réussissent depuis plus de 15 ans à contrôler de façon naturelle leur virus. Nous essayons de découvrir la réponse particulière que ces personnes ont su développer pour contrôler naturellement cette infection. Nous avons déjà des pistes à partir desquelles nous allons définir de nouvelles stratégies thérapeutiques pour essayer de transformer la grande majorité des patients porteurs du VIH en contrôleurs d'élite pour demain.
*Avez-vous une idée des recherches menées par l'Institut Pasteur de Tunis ?
-Il y a plusieurs projets qui sont menés à l'Institut Pasteur de Tunis qui a d'ailleurs acquis une renommée internationale dans le domaine de leishmaniose. Il a aussi d'autres travaux sur la tuberculose, la rage…et les maladies génétiques. Les chercheurs à l'Institut ont su cibler les priorités de leurs recherches par rapport aux pathologies prédominantes en Tunisie et je dirais même dans la région. C'est tout à fait ce qu'il faut faire. L'institut fait également des recherches multidisciplinaires en réseau de collaboration. La recherche qui réussit aujourd'hui est celle qui travaille de cette façon en partenariat avec d'autres au niveau national et international.
*Avez-vous une idée sur les programmes de la Tunisie dans la lutte contre le VIH-SIDA ?
-Je sais que la Tunisie n'est pas un pays fortement touché par le VIH-SIDA. Mais, je crois que les bonnes décisions ont été prises en termes de dépistage et la prise en charge des patients qui sont sous traitement. Comme je l'ai dit auparavant, les personnes qui sont sous traitement transmettent moins le virus. Le SIDA est assez contenu en Tunisie.
*Que pensez-vous du dépistage du VIH ?
-En France, 40 % des personnes apprennent tardivement leur séropositivité. La priorité à ce jour reste le dépistage précoce du virus. Il faut dépister le plus tôt possible les PPVIH à travers le dépistage communautaire qui s'effectue au niveau des associations et ce au lieu d'aller faire cette opération dans les centres de dépistage anonyme classique. La relation très forte entre le milieu associatif représentant le patient et le milieu médical est essentielle pour permettre d'améliorer le dépistage.
Propos recueillis par Sana FARHAT


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